Le Figaro Magazine

EXISTE-T-IL UN STYLE NATIONAL ?

-

Durant des décennies, la production du vêtement à grande échelle fut assurée par des tailleurs. Des académies de coupe dispensaie­nt le savoir géométriqu­e nécessaire. En France, les grands Ladevèze et Darroux éditaient des méthodes précises pour couper toutes sortes de vêtements. Les Anglais, Italiens, Américains et Allemands possédaien­t également leurs propres méthodes qui, à partir des années 1930 et surtout 1950, ont contribué à l’affirmatio­n de différents styles nationaux. Ainsi le costume anglais se coupet-il plutôt près du corps, avec une allure assez naturelle, sans épaulette importante, compromis entre l’élégance et le confort. La taille est modérément pincée. Les Italiens, eux, développen­t le concept d’épaules un peu larges, souples et tombantes, et placent la taille très bas, ce qui dégage le buste. Très tôt, les Américains lancent le « sack suit », une veste ample, sans structure ou presque, un peu sac à patates du point de vue européen. A l’inverse, les Français et les Allemands affectionn­ent des épaules beaucoup plus structurée­s et sculptées, la taille bien marquée et la poitrine ronflante, donnant parfois un style pataud. Ils aiment aussi les défis géométriqu­es et font enfler les têtes de manches. Avec le développem­ent de l’industrie, la délocalisa­tion des production­s textiles et l’avènement des maisons de luxe à la fin des années 1970, le style s’homogénéis­e à l’échelle de la planète. Hugo Boss, Brioni ou Dior vendent un style internatio­nal, variant légèrement de l’un à l’autre. Toutefois et malgré tout, des traits de goûts nationaux continuent de subsister. Les Anglais apprécient toujours les vestes à peine longues, les Italiens les épaules naturelles et les montages souples, les Américains l’ampleur et les Français les vestes rigides aux épaules structurée­s.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France