Le Figaro Magazine

QUAND LA DANSE DÉCOIFFE

- Jusqu’au 7 juillet (0.800.600.740 ; Montpellie­rdanse.com). Danser Casa, A voir aussi : de Mourad Merzouki et Kader Attou.

LES VARIATIONS DE FRANÇOIS DELÉTRAZ

C’est avec un spectacle décoiffant et sans repos que débute le 38e Festival Montpellie­r Danse. A la manoeuvre, Jacopo Godani qui signe chorégraph­ie, costumes, décors, lumières, vidéo et ... dramaturgi­e. Nous avons vu Extinction of a Minor

Species en avant-première au Bockenheim­er Depot à Francfort, un ancien hangar à tramway devenu théâtre. Si Jacopo est italien, cette pièce est très allemande avec ces elfes et ces nixes sortis de nulle part, comme par les décors : on croit parfois être au milieu d’une forêt bavaroise, parfois dans une usine désaffecté­e. De même qu’on est balancé entre des images semblant extraites d’un retable moyenâgeux et une installati­on d’arts plastiques du XXe siècle. C’est dire si cette pièce qui se penche sur la dimension du corps et sa pérennité est déroutante. Même ambivalenc­e avec des musiques qui s’étirent avant de devenir soudain dissonante­s voire horripilan­tes. Jacopo, sous des airs de bonhomie, aime jouer avec les nerfs des spectateur­s. Habituelle­ment grand adepte d’une sensualité exacerbée, il est ici dans un autre registre – même s’il s’en défend. Beaucoup plus froid, plus calculé. Superbemen­t dansée, la pièce culmine avec le duo de Tamás Darai et David Leonidas Thiel, où l’on croit assister à une lutte à mort, ou avec le solo de Gustavo Gomes, précis et original. Elle comporte aussi, avant une fin mortuaire, une série d’ensembles réglés au millimètre et interprété­s avec beaucoup de brio. On ne peut être qu’admiratif de cet immense travail gestuel qui place définitive­ment Jacopo Godani à l’opposé de cette fameuse « non-danse » dont tant de chorégraph­es français ont fait leur leitmotiv. Extinction of a Minor

Species a remporté un grand succès à Francfort : qu’en dira le public de Montpellie­r ?

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France