DEUX CORBEAUX CONTRE UN FLAMANT ROSE
Christine Angot et Yann Moix ont encore frappé. A côté, comme très souvent.
L’autre jour, ils s’en sont pris à Diane Ducret venue présenter son nouveau livre, La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose (Flammarion). Elle y raconte les drames de son enfance. Arrachée à son pays, enlevée à sa mère, délaissée par son père, un accident met fin à sa carrière de cavalière. Elle boite pendant dix ans, on veut lui couper la jambe. Puis, elle se retrouve aux prises avec un homme violent qui la séquestre. On en passe, et des pires. A sa place, Angot, en bonne boutiquière de ses douleurs, aurait produit cinq livres de gémissements, lamentations et jérémiades ; et Moix, un volume de 5 000 pages écrit au « stylo-bile ».
Au contraire, Diane Ducret fait preuve de panache, cran, courage et esprit. Ce qui est étranger aux deux procureurs de Ruquier, incapables d’admettre ce qui ne leur ressemble pas. Ducret leur est un reproche vivant. Ils l’ont donc rejetée avec une condescendance et un mépris incroyables : Ducret, cette pauvre fille qui a raté son livre – que Moix a ensuite reconnu n’avoir pas lu. Diane Ducret n’a pas raté son livre. C’est Angot et Moix qui, par leurs oeillères, leur étroitesse d’esprit et leur manque de coeur, ont manqué leur lecture. Mais que peuvent deux corbeaux contre un flamant rose ? Ils ne nuisent qu’à eux-mêmes. D’abord sonnée, la romancière a répondu avec élégance et vivacité. A la fin de la séquence, elle a levé le bras en signe de victoire. Elle a eu raison. Diane Ducret est une femme merveilleuse. Son livre aussi.