EN VUE Valérie Pécresse
La présidente de la Région Ile-de-France profite des ennuis de Laurent Wauquiez pour se renforcer. Mais au sein des Républicains, la voie est étroite.
Valérie est sur une ligne de crête. » Ce proche de la présidente de la Région Ile-de-France est très lucide sur la situation paradoxale de Valérie Pécresse. Paradoxale car si elle profite clairement des ennuis actuels de Laurent Wauquiez pour s’installer en opposante à sa ligne au sein des Républicains, elle est contrainte d’attendre qu’il trébuche pour espérer lui prendre sa place.
Celle qui jusqu’ici n’avait pas fait preuve d’un sens politique aiguisé (elle rejoint Alain Juppé quelques jours avant la remontée irrésistible de François Fillon à la primaire de novembre 2016) a réussi un tour de force relativement inédit : sans affronter Laurent Wauquiez devant les militants pour la conquête de la présidence du parti, elle a su s’imposer comme la seule force alternative. Il faut dire que la plupart des autres leaders ont fait le choix, comme Xavier Bertrand, de quitter le parti, ou, comme François Baroin, de prendre du recul. Valérie Pécresse a décidé de rester dans la « vieille maison » tout en contestant systématiquement la ligne de son président. Et en prenant le contre-pied de son projet. Sur l’immigration, une première fois, en dévoilant ses propositions la veille de l’annonce de celles de Laurent Wauquiez. Et lundi sur l’Europe, elle a coupé l’herbe sous le pied au président des Républicains qui a prévu un conseil national sur ce sujet le 30 juin, à Menton. Valérie Pécresse a pris les devants en lançant dès lundi dernier ses pistes dessinant un projet européen assez différent de celui de son rival. Forcément, cette stratégie agace.
« Il faut jouer collectif, demande Christian Jacob, le patron des députés LR à l’Assemblée. Ce serait mieux qu’elle vienne au bureau politique. Les Français attendent
de nous une belle image collective. » Une image fortement écornée par l’éviction dimanche dernier de Virginie Calmels du poste de numéro deux du parti par Laurent Wauquiez.
Les proches de Valérie Pécresse font valoir, à l’inverse, que le parti n’est pas très ouvert. « L’autre jour, elle a fait une émission politique. On a regardé sur le site du parti et sur les réseaux sociaux, il n’y avait aucune reprise de ses propos. »
“POUR GARDER LA RÉGION, ELLE AURA BESOIN DE NOUS”
Valérie Pécresse avance doucement ses pions, guettant l’erreur de Laurent Wauquiez. « Elle attend les européennes », assure une de ses proches. Le scrutin de mai 2019 est un véritable piège pour le patron des Républicains, poussé par Nicolas Sarkozy à prendre la tête de liste. Comme lui a dû le faire en 1999. Ce qu’omet de dire l’ancien Président, mais que Valérie Pécresse (elle pousse aussi Laurent Wauquiez à se lancer aux européennes) n’a pas oublié, c’est qu’après la défaite de 1999 (la liste Sarkozy-Madelin est arrivée derrière celle de Pasqua-Villiers), il a dû abandonner la direction du RPR et entamer une nouvelle traversée du désert. Un faible score LR à ce scrutin fragiliserait immanquablement son président.
Mais la voie choisie par l’ancienne ministre reste étroite. En décidant de rester au sein de LR, elle est devenue Wauquiez-dépendante. Et la date des élections régionales, un an avant la présidentielle, ne va pas sans lui poser un problème stratégique. « Pour conserver la Région en
2021, elle aura besoin de nous », fait valoir un élu LR. Autour d’elle, certains ont envisagé qu’elle se présente aux municipales à Paris, en 2020. Publiquement, elle a toujours nié vouloir y aller, mais une proche reconnaît : « Il y a eu une vraie tentation, mais elle a été rejetée par les élus parisiens qui ne veulent pas de parachutage. » « Ce combat n’est pas pour elle », admet une élue parisienne. Valérie Pécresse n’a donc d’autre désir que d’attendre un faux pas de son rival.