LA CHRONIQUE
Un scandale d’Etat d’une tout autre dimension risque d’éclater si l’exécutif ne répond pas de son impuissance à garantir la sécurité publique.
de François d’Orcival
Un 1er mai peut en cacher un autre. De celui de M. Alexandre Benalla on sait tout, minute par minute, image par image. Mais l’autre 1er mai, le vrai, qu’en est-il ? Pourquoi, le soir de cette journée de défilés, les communistes réclamaient-ils déjà une commission d’enquête ? Parce qu’ils accusaient le ministre de l’Intérieur et le préfet de police de Paris d’avoir, non pas couvert des violences policières, mais laissé le cortège syndical dégénérer en un « 1er mai des black blocs » !
D’avoir sous-estimé la capacité destructrice des 1 200 casseurs cagoulés décidés à en découdre, et retenu l’action des CRS devant l’ultra-violence, les feux d’artifice tirés à bout portant et l’explosion des vitrines. Les porte-voix de l’opposition dénonçaient alors ce « jamais vu »,
cette « faillite de l’Etat »,
ce « défi à l’autorité ».
Et puis ? Le préfet de police précisait l’autre jour qu’il avait fait procéder à 280 interpellations, à 109 gardes à vue. Pour quelles sanctions ?
Il n’y a pas eu de commission d’enquête. On ne le saura pas.
Ce 1er mai a été suivi par une « fête à Macron », le 5, sans « black blocs », puis par d’autres manifestations jusqu’à la « marée populaire » du 26 mai qui faisait pschitt. En était-ce fini des vitrines brisées et des voitures incendiées ? Cela recommençait de plus belle la nuit du 14 juillet, et celle du 15, après la victoire de la Coupe du monde. Malgré un dispositif impressionnant de quelque 110 000 gendarmes et policiers, de 44 000 sapeurs pompiers, on allait dénombrer 845 véhicules incendiés à Paris et en province ; on avait laissé dévaster et piller le Drugstore des ChampsElysées, le magasin Intermarché de l’avenue de la Grande-Armée, etc. Le ministère de l’Intérieur annonçait 508 gardes à vue le 14 juillet,
327 interpellations le 15. A quoi cela servait-il d’autre qu’à grossir des fichiers si les individus en cause n’étaient pas dissuadés de recommencer ? Gérard Collomb se félicitait de ce que cela ne concerne qu’une « infime minorité ». Encore heureux ! Mais c’est cette infime minorité dont le citoyen entend être protégé. On a fait un scandale d’Etat d’une faute grossière commise par un « chargé de mission » de l’Elysée, ce serait un scandale d’Etat d’une tout autre dimension que l’exécutif ne réponde pas de son impuissance à garantir la sécurité publique. Il paraît que les rappels au règlement des députés l’exaspèrent. En voici un de plus.