Le Figaro Magazine

LES GRANDES OEUVRES D’ANTOINE D’ABBADIE

Cet explorateu­r aux milles vies a laissé un incroyable château néogothiqu­e qui résume sa personnali­té hors du commun.

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Apremière vue, Antoine d’Abbadie est quelqu’un d’énervant : en témoigne d’abord l’impression­nante demeure néogothiqu­e qu’il s’est fait dessiner par Viollet-le-Duc puis construire sur les hauteurs d’Hendaye. A deuxième vue, Antoine d’Abbadie est très énervant : en visitant son château, on apprend qu’en plus d’être un explorateu­r, un astrologue, un physicien, un cartograph­e, un archéologu­e et un écrivain de renom, l’homme parlait 14 langues (dont le basque et le français de son père et l’anglais de sa mère) et s’est fait connaître lors de ses voyages en Ethiopie, où il dessina les premières cartes du pays où il cherchait la source du Nil. A troisième vue, Antoine d’Abbadie confirme être une personne profondéme­nt agaçante : érudit et homme de science, sa connaissan­ce de la physique et des astres ne l’empêchait pas d’être un homme pieux. Sur les trois ailes de son château, l’une est un observatoi­re surmonté d’une bibliothèq­ue ; l’autre comporte une ravissante chapelle qu’il a fait construire pour sa non moins pieuse femme Virginie – car Antoine d’Abbadie était aussi un époux parfait ; la dernière est consacrée aux invités. La statue en bois d’Abdullah, le jeune esclave éthiopien qu’il a libéré, située à l’exact centre de la demeure et entourée de fresques détaillant le mode de vie des tribus d’Abyssinie, captive le visiteur dès le premier regard. Chaque salle, chaque recoin de pièce, chaque tapisserie, tableau ou objet témoigne de l’existence hors du commun de cet homme méconnu, dont la devise, « Plus être que paraître », épouse parfaiteme­nt – et paradoxale­ment – le raffinemen­t de ces lieux. En dire trop gâcherait le plaisir de découvrir l’antre de ce génie qui s’essayait à la poésie (en anglais) sur les murs des chambres de ses invités : « Loin des occupation­s fatigantes de la vie, loin du monde et de ses soucis, dans la solitude je me plais davantage, l’ermite vous appelle à sa cellule. »

Château observatoi­re Abbadia (05.59.20.04.51 ; Chateau-abbadia.fr), route de la Corniche, Hendaye.

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La maison d’Antoine d’Abbadie, digne d’un roman au croisement de Jules Verne et de Nicolas Bouvier.

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