ÉVÉNEMENT / LA SOLITAIRE URGO LE FIGARO
Saint-Brieuc, une économie conquérante
L’économie des Côtes-d’Armor se développe dans des domaines aussi différents que l’agroalimentaire, la construction navale, l’industrie automobile, la pêche, le tourisme », explique Thierry Troesch, 61 ans, Alsacien d’origine et président de la chambre de commerce et d’industrie depuis novembre 2016. « Ce à quoi il faut ajouter aujourd’hui les télécoms et des activités connexes liées au numérique. Les Côtes-d’Armor sont le parfait exemple d’une complémentarité terre-mer, indispensable à l’heure où nous vivons plus de région, plus de territoire, et plus de proximité avec les bassins d’emplois. » Côté mer, les 350 kilomètres du littoral costarmoricain offrent d’immenses possibilités de mieux en mieux exploitées. La plaisance, avec 15 600 anneaux d’amarrage et 40 centres nautiques, accueille sportifs et vacanciers qui, grâce au TGV, peuvent venir plus régulièrement et rapidement à Saint-Brieuc. Chaque jour, 700 pêcheurs travaillent pour une flottille qui s’élevait il y a deux ans à 282 navires, soit 20 % de la flotte bretonne. La montée en puissance des armements hauturiers et des productions d’espèces de coquillages auparavant sous-exploités par la pêche côtière ont permis de diversifier les apports en produits de la mer.
LES PLUS GRANDS SITES DE PÊCHE
La production totale s’élève à 25 000 tonnes en 2016 (criées et hors criées). Pêche et mareyage représentent un chiffre d’affaires de 125 millions d’euros et la baie de Saint-Brieuc s’enorgueillit d’être le premier gisement européen de coquilles Saint-Jacques. Et Thierry Troesch de rappeler que l’on trouve dans le nord de la Bretagne les plus grands sites de pêche, les deux plus grandes criées et les plus gros armements privés de France qui sont ceux de Jean Porcher à Saint-Brieuc et Eouzan Travadou. Ces deux hommes au caractère bien trempé ont pris de gros risques en renouvelant leur flotte de pêche.
Côté terre, avec une production agricole estimée à
2,2 milliards d’euros, les Côtes-d’Armor, deuxième département français dans ce domaine, ont développé une filière industrielle agroalimentaire forte de 830 établissements employant 4 900 salariés autour du traitement de la viande, de la nutrition animale, de la pâtisserie et de la transformation de poissons, qui structurent l’économie du territoire. L’économie numérique représente, quant à elle, 5 600 emplois qui trouvent leur place dans 200 PME et 32 000 entreprises s’affichent dans des domaines de pointe comme l’aéronautique et innovent dans le travail du métal, du verre et de la pierre.
En visite fin juin au cap Fréhel et à Saint-Brieuc, le président de la République est venu confirmer les six projets de parcs éoliens dont celui prévu au large des côtes bretonnes « D’ici à deux ans, ajoute Thierry Troesch, 62 éoliennes offshore seront installées dans ce parc, à plus de 10 kilomètres au large de la baie de Saint-Brieuc. Un projet énorme, qui a pour objectif de produire 1 820 mégawatts par an, soit la consommation de 835 000 habitants. »
LA MER, TRÉSOR DE SAINT-BRIEUC
Séjourner à Saint-Brieuc, c’est constater que d’importants efforts restent à faire en matière de tourisme dans la région. Les Côtes-d’Armor ont accueilli 3,4 millions de touristes et comptabilisé 23,4 millions de nuitées en 2017. Insuffisant, lorsque l’on sait que la région compte plusieurs sites remarquables parmi lesquels l’île de Bréhat, Paimpol, le cap Fréhel et Fort la Latte, le lac de Guerlédan, Dinan et la vallée de la Rance, la Côte de Granit rose et la très belle baie de Saint-Brieuc. Il y a un an, Saint-Brieuc envoyait une preuve de cette volonté de développer le tourisme en inaugurant le Novotel près de la gare. Un 4 étoiles de 90 chambres, au service irréprochable, installé dans une caserne historique donnant sur une esplanade arborée. Une ville de 45 000 habitants ne pouvait se contenter de deux ou trois hôtels dignes de ce nom. « Mais la vraie fierté des Briochins, explique Thierry Troesch, c’est la réhabilitation du port du Légué. En quinze ans, ce port atypique qui entre profondément dans les terres a considérablement changé. »
L’ACTIVITÉ DU PORT CONNAÎT UNE REPRISE
Sa métamorphose commence en 2004, avec la réhabilitation des friches industrielles et l’évacuation du wagon, un squat occupé par des punks depuis sept ans. Les parents qui menaient leurs enfants dans une école voisine menaçaient de les en retirer si rien n’était fait. Géré par la chambre de commerce et d’industrie des Côtes-d’Armor, son activité commerciale connaît une reprise depuis 2006 et, avec l’aide du conseil général et de la communauté d’agglomération de Saint-Brieuc, des infrastructures ont été réalisées dans l’avant-port avec la construction d’une digue de 450 mètres et de deux quais, permettant à des navires de 180 mètres et de 8 000 tonnes d’accoster. L’activité du Légué est assez diversifiée, avec l’exportation de ferraille, de sable et de kaolin, l’importation de produits agroalimentaires et de bois de construction en provenance des pays scandinaves et la réparation navale. Qui plus est, il propose 250 places aux propriétaires de bateaux. Aujourd’hui, Briochins et touristes viennent s’y promener ou manger un morceau, voir les boutiques qui se sont installées au Carré Rosengart, et l’office de tourisme propose désormais des visites guidées du cinquième port breton en termes d’activités.
Mais la première richesse de Saint-Brieuc et ses alentours, c’est incontestablement son littoral. La baie, qui s’étend sur 800 kilomètres carrés, de l’archipel de Bréhat jusqu’au cap Fréhel, offre une série de paysages que la lumière changeante transforme en quelques heures. Les milliers de visiteurs qui se retrouveront pour le départ de la deuxième étape de la Solitaire le 2 septembre en seront les témoins privilégiés.
32 000 ENTREPRISES S’AFFICHENT DANS DES DOMAINES
DE POINTE COMME L’AÉRONAUTIQUE