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Val de Loire, le charme enivrant d’un jardin français
Cette semaine, « Le Figaro Magazine » vous emmène dans le Val de Loire,
où la nature, les châteaux et leurs jardins merveilleux invitent à suspendre le temps. Des personnalités comme la directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire, Chantal Colleu-Dumond,
y préservent un art de vivre subtil et généreux.
Si vous deviez convaincre quelqu’un de venir en Val de Loire, que lui diriez-vous ?
D’abord, je lui parlerais de la Loire. C’est un fleuve extraordinaire, sauvage et merveilleusement préservé. Il génère quelque chose de très particulier : les ciels, orangés, jaunes ou mauves au coucher du soleil, sont uniques. La Loire installe la magie de la région. Ensuite, j’évoquerais, bien sûr, cet héritage du passé, les châteaux, dont bon nombre sont de la Renaissance. Le Val de Loire est l’équivalent de la Toscane en termes de concentration de trésors du patrimoine mondial. Aujourd’hui, ces symboles merveilleux de notre histoire ont retrouvé une vie. Ils innovent face à l’intérêt des touristes et des citadins qui étouffent dans les villes et viennent se ressourcer dans les forêts et les jardins qui les entourent.
La région est-elle encore liée au monde artistique ?
Oui. Marc Riboud, le grand photographe, vivait en Sologne. La réalisatrice Coline Serreau, mais aussi des chanteurs comme Alain Souchon, Mick Jagger, Maxime Le Forestier ou le décorateur Jacques Grange sont installés ou possèdent des résidences ici. Ils viennent chercher le charme discret de ce jardin de France dont le climat a permis historiquement d’installer ces magnifiques paysages et ces parcs extraordinaires.
Comment le Domaine de Chaumont-sur-Loire trouve-t-il sa place dans cet espace préservé ?
Il a été longtemps une belle endormie. Puis, en 1992, le Festival international des jardins a vu le jour grâce à une association. C’était une merveilleuse idée ! A l’époque, la France recommençait à se passionner pour les jardins. Ce festival a porté la réputation de Chaumont. Quand la Région a repris le domaine, elle a réuni le festival et un projet d’art contemporain sur la thématique de la nature. Chaumont a pris la dimension qu’on lui connaît, touchant les grands connaisseurs comme les néophytes. Qu’est-ce qui vous a poussée à porter ce projet ?
J’ai vécu, entre 7 et 17 ans, près de Tours. Les ciels de la Loire se sont inscrits dans mon âme à ce moment-là. Mais surtout, depuis toute petite, je suis une passionnée de jardins. Quand je travaillais à l’étranger, je venais tous les ans suivre le festival de Chaumont. Je suis aussi très attachée au patrimoine. Mener un projet d’art contemporain dans un lieu profondément relié à l’histoire et à la nature, c’était une aventure plus forte que de le conduire dans un musée classique.
L’art contemporain a-t-il sa place dans un domaine historique ?
Oui. Ici, nous invitons des artistes qui utilisent des matériaux naturels, célèbrent la nature et nous entraînent parfois au-delà de ce que l’on voit. Une oeuvre de l’artiste allemande Cornelia Konrads, Passage, une porte de brindilles installée dans le parc, est symbolique de cela.
Que représente pour vous cette correspondance entre art, jardin et patrimoine ?
C’est une leçon sur le temps qui passe. Par exemple, certaines des 75 oeuvres installées en dix ans sur les 32 hectares du parc sont amenées à disparaître. Les jardins et le parc évoluent en permanence. Ce sont des oeuvres d’art vivantes. Dans le château, nous avons aussi cherché à remonter le temps en réinstallant près de 600 meubles et objets pour retrouver l’ambiance proustienne des derniers propriétaires, le prince et la princesse de Broglie. Mais nous avons aussi rouvert des espaces oubliés, les greniers, les caves, les chambres de bonne, grâce à des artistes comme Sarkis ou Sheila Hicks qui ont choisi d’y installer des oeuvres. Chaumont reste en mouvement, tourné vers le futur sans renier son passé.
Domaine régional de Chaumont-sur-Loire (02.54.20.99.22 ; Domainechaumont.fr).
CHANTAL COLLEU-DUMOND : “LA LOIRE INSTALLE LA MAGIE DE LA RÉGION” La directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire et du Festival international des jardins a travaillé dans le monde entier avant de s’installer en Val de Loire. Depuis dix ans, elle porte un projet emblématique de la région associant le patrimoine, les jardins et les arts.