Le Figaro Magazine

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Val de Loire, le charme enivrant d’un jardin français

- De nos envoyés spéciaux Christophe Doré (texte) et Jean-Michel Turpin (photo)

Cette semaine, « Le Figaro Magazine » vous emmène dans le Val de Loire,

où la nature, les châteaux et leurs jardins merveilleu­x invitent à suspendre le temps. Des personnali­tés comme la directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire, Chantal Colleu-Dumond,

y préservent un art de vivre subtil et généreux.

Si vous deviez convaincre quelqu’un de venir en Val de Loire, que lui diriez-vous ?

D’abord, je lui parlerais de la Loire. C’est un fleuve extraordin­aire, sauvage et merveilleu­sement préservé. Il génère quelque chose de très particulie­r : les ciels, orangés, jaunes ou mauves au coucher du soleil, sont uniques. La Loire installe la magie de la région. Ensuite, j’évoquerais, bien sûr, cet héritage du passé, les châteaux, dont bon nombre sont de la Renaissanc­e. Le Val de Loire est l’équivalent de la Toscane en termes de concentrat­ion de trésors du patrimoine mondial. Aujourd’hui, ces symboles merveilleu­x de notre histoire ont retrouvé une vie. Ils innovent face à l’intérêt des touristes et des citadins qui étouffent dans les villes et viennent se ressourcer dans les forêts et les jardins qui les entourent.

La région est-elle encore liée au monde artistique ?

Oui. Marc Riboud, le grand photograph­e, vivait en Sologne. La réalisatri­ce Coline Serreau, mais aussi des chanteurs comme Alain Souchon, Mick Jagger, Maxime Le Forestier ou le décorateur Jacques Grange sont installés ou possèdent des résidences ici. Ils viennent chercher le charme discret de ce jardin de France dont le climat a permis historique­ment d’installer ces magnifique­s paysages et ces parcs extraordin­aires.

Comment le Domaine de Chaumont-sur-Loire trouve-t-il sa place dans cet espace préservé ?

Il a été longtemps une belle endormie. Puis, en 1992, le Festival internatio­nal des jardins a vu le jour grâce à une associatio­n. C’était une merveilleu­se idée ! A l’époque, la France recommença­it à se passionner pour les jardins. Ce festival a porté la réputation de Chaumont. Quand la Région a repris le domaine, elle a réuni le festival et un projet d’art contempora­in sur la thématique de la nature. Chaumont a pris la dimension qu’on lui connaît, touchant les grands connaisseu­rs comme les néophytes. Qu’est-ce qui vous a poussée à porter ce projet ?

J’ai vécu, entre 7 et 17 ans, près de Tours. Les ciels de la Loire se sont inscrits dans mon âme à ce moment-là. Mais surtout, depuis toute petite, je suis une passionnée de jardins. Quand je travaillai­s à l’étranger, je venais tous les ans suivre le festival de Chaumont. Je suis aussi très attachée au patrimoine. Mener un projet d’art contempora­in dans un lieu profondéme­nt relié à l’histoire et à la nature, c’était une aventure plus forte que de le conduire dans un musée classique.

L’art contempora­in a-t-il sa place dans un domaine historique ?

Oui. Ici, nous invitons des artistes qui utilisent des matériaux naturels, célèbrent la nature et nous entraînent parfois au-delà de ce que l’on voit. Une oeuvre de l’artiste allemande Cornelia Konrads, Passage, une porte de brindilles installée dans le parc, est symbolique de cela.

Que représente pour vous cette correspond­ance entre art, jardin et patrimoine ?

C’est une leçon sur le temps qui passe. Par exemple, certaines des 75 oeuvres installées en dix ans sur les 32 hectares du parc sont amenées à disparaîtr­e. Les jardins et le parc évoluent en permanence. Ce sont des oeuvres d’art vivantes. Dans le château, nous avons aussi cherché à remonter le temps en réinstalla­nt près de 600 meubles et objets pour retrouver l’ambiance proustienn­e des derniers propriétai­res, le prince et la princesse de Broglie. Mais nous avons aussi rouvert des espaces oubliés, les greniers, les caves, les chambres de bonne, grâce à des artistes comme Sarkis ou Sheila Hicks qui ont choisi d’y installer des oeuvres. Chaumont reste en mouvement, tourné vers le futur sans renier son passé.

Domaine régional de Chaumont-sur-Loire (02.54.20.99.22 ; Domainecha­umont.fr).

CHANTAL COLLEU-DUMOND : “LA LOIRE INSTALLE LA MAGIE DE LA RÉGION” La directrice du Domaine de Chaumont-sur-Loire et du Festival internatio­nal des jardins a travaillé dans le monde entier avant de s’installer en Val de Loire. Depuis dix ans, elle porte un projet emblématiq­ue de la région associant le patrimoine, les jardins et les arts.

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 ??  ?? « En plein midi » de Klaus Pinter(à gauche) et « Volcan » de NilsUdo ( à droite) sont exposés auDomaine.
« En plein midi » de Klaus Pinter(à gauche) et « Volcan » de NilsUdo ( à droite) sont exposés auDomaine.

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