Le Figaro Magazine

LES FRAGRANCES D’UN PARC À L’ANGLAISE

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Rosamée Henrion a transformé sa propriété en un parc aux mille senteurs. Ici, vivaces, rosiers et arbustes fleurissen­t dans ce jardin à l’anglaise parfumant l’air au rythme des saisons.

La nature ne s’arrête jamais. Rosamée Henrion non plus. « Je ne sors pas sans un sécateur. Quelquefoi­s, je pars avec un but précis, et en cours de chemin, je vois quelque chose qui est plus ignoble que ce que je voulais rectifier. Alors, je m’arrête et je corrige… » ironise la vieille dame avec l’humour fin de ceux qui ne s’inquiètent plus du temps qui passe.

Son jardin lui ressemble : entre fulgurance et équilibre fragile. Il est fait d’enchevêtre­ments d’élégants parfums attrapés dans les brises fugaces qui glissent sur l’étang central, où se reflètent les grands arbres et les arbustes. Du large talus qui surplombe l’essentiel du parc de 11 hectares s’échappent les fragrances enivrantes des magnolias qu’elle a plantés à partir de 1999. « Avant, il y avait des sapins. Beaucoup de sapins… je n’en pouvais plus de tous ces sapins ! La tempête de 1999 a nettoyé le coteau, et nous avons réalisé une grande allée de magnolias », explique l’octogénair­e toujours présidente émérite de la très sérieuse Internatio­nal dentrology society réunissant les meilleurs spécialist­es des arbres à travers le monde. « Il y a des hommes qui entretienn­ent des danseuses ; moi, j’entretiens un corps de ballet », rit Rosamée quand elle évoque ses arbres. Le jardin du Plessis Sasnières, classé jardin remarquabl­e par le ministère de la Culture, s’est construit avec le temps. L’histoire de la propriété remonte au XVe siècle, mais le château a été édifié au XIXe. « Mon arrière-grand-mère a acheté la propriété en 1883, raconte Rosamée. J’y venais petite, mais j’ai passé mon enfance dans le château de mes grands-parents. Il avait un jardin à la française. Quand j’ai choisi de m’installer ici, je savais que je ne voulais pas de cela. Se réveiller chaque matin avec, en face de soi, des cônes et des boules dont on ne peut rien faire, quel ennui ! »

Pour expliquer son choix du style à l’anglaise qui caractéris­e Plessis Sasnières, Rosamée Henrion décrit d’abord la configurat­ion du parc : un vallon, avec ses coteaux et son ruisseau, qui se prêtait à l’exercice. Mais aussi sa passion authentiqu­e pour les arbres. Ils se regroupent en bosquets, se cachent ou se montrent, isolés, mais toujours en forme libre. Pour cette fine orchestrat­ion,

« je m’assieds à un endroit et je laisse venir l’inspiratio­n,

confie Rosamée. Jamais de plan, sauf pour l’enclos fleuri qui était l’ancien potager. » Cet enclos est planté de vivaces, de rosiers et d’arbustes en floraison jusqu’à l’automne. Ses mixed borders sont organisées par couleurs, du blanc au sombre, en passant par le rose ou le bleu. Au milieu, on peut se glisser entre la tonnelle de pommiers dont les fruits parfument à l’approche de l’automne, alors que flottent les senteurs d’un gazon fraîchemen­t coupé par le jardinier. Et, en partant, on attrape les subtils effluves des feuilles géantes du gunnera qui trône près de la cascade, et que la propriétai­re des lieux affectionn­e particuliè­rement.

Jardin du Plessis Sasnières (02.54.82.92.34. ; Jardin-plessis-sasnieres.fr).

Ouvert du jeudi au lundi et les jours fériés, jusqu’au 1er novembre.

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Le jardin remarquabl­e du Plessis Sasnières s’étale sur 11 hectares.

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