DITES-NOUS TOUT
Bernard Poirette
Journaliste emblématique de RTL depuis 1993, Bernard Poirette prend ce samedi les rênes des matinales du week-end… d’Europe 1. Une belle « prise de guerre » pour la station d’Arnaud Lagardère, qui compte bien sur l’expérience et la bonhomie de son nouvel animateur pour faire revenir au bercail ses wagons d’auditeurs perdus.
Un mot pour qualifier votre transfert ?
Très inattendu.
Vos perspectives sur Europe 1 ?
M’amuser et donner du plaisir aux auditeurs.
Que retiendrez-vous de RTL ?
J’y ai vécu, pendant un tiers de siècle, une aventure exceptionnelle.
Son matinalier Yves Calvi prétend qu’Europe 1 n’est pas dirigée…
C’était peut-être vrai jusqu’à il y a peu. A priori, ça a changé.
Quels souvenirs gardez-vous de Moscou, où vous avez jadis été reporter ?
Entre 1989 et 1991, j’y ai connu les trois meilleures années de ma vie professionnelle. J’ai été le témoin d’événements historiques inouïs.
Qu’appréciiez-vous là-bas ?
La fierté des habitants et l’immensité de leur pays. J’en ai gardé un souvenir tellement bouleversant et bouleversé que je n’y ai jamais remis les pieds.
Premier souvenir radiophonique marquant ?
A l’école de journalisme de Lille. Notre professeur nous a emmenés en camionnette pour assister à la matinale de RTL. C’était le jour de la mort du nationaliste irlandais Bobby Sands.
Un mentor dans la profession ?
Georges Bourdoiseau. J’ai été sa doublure entre 1984 et 1986. Il m’a tout appris.
Quelle « voix » vous a marqué ?
Celle de Claude Villers. Je séchais mes cours pour écouter son « Tribunal des flagrants délires » sur Inter.
Qui rêveriez-vous d’interviewer ?
Ce n’est pas un rêve, mais un pari ! J’ai toujours « raté » Martine Aubry.
Est-il dur de travailler dès l’aube ?
Deux jours par semaine, c’est tolérable… cinq, non ! Je l’ai fait entre 1994 et 1999, et j’ai failli crever.
Quel autre métier vous aurait plu ?
Libraire.
Vos livres préférés ?
Parmi des centaines : Rafael, derniers jours, de Gregory Mcdonald. Immense livre noir.
Une personnalité admirée ?
Gorbatchev ! Un jour, il m’a salué au Kremlin avec d’autres collègues. Je n’avais plus un poil de sec.
Un conseil à notre président de la République ?
Ne jamais sous-estimer les Russes et se méfier des Américains (sourires).
Vos artistes fétiches ?
Les Doors.
Un film favori ?
Master and Commander, de Peter Weir : le prototype du film d’aventures magnifiquement réalisé.
Un programme immanquable ?
« Arte Reportage », de Philippe Brachet.
Un dîner idéal avec des vivants ?
Sharon Stone, Poutine et Virginie Despentes. Je l’ai interviewée, mais j’ai encore des questions à lui poser.
Et avec des personnalités défuntes ?
Churchill pour sa grandeur et Janis Joplin pour son désespoir.
Une vue sublime ?
Marseille, à 360 degrés.
Un rêve inassouvi ?
Un voyage autour du monde, avec un long arrêt au Chili.
Pour quel défaut avez-vous de l’indulgence ?
L’impatience.
Celui que vous ne pardonnez pas ?
Je déteste ceux qui sont forts avec les faibles et faibles avec les forts.
Votre devise ?
Citons le grand maître polonais des échecs Savielly Tartakover : « La tactique consiste à savoir ce qu’il faut faire quand il y a quelque chose à faire. La stratégie consiste à savoir ce qu’il faut faire quand il n’y a rien à faire. »