Le Figaro Magazine

À L’AFFICHE

et les passe-temps d’Eric Neuhoff

- Clara Géliot

Avec Ce qui nous lie, la récente comédie de Cédric Klapisch, Ana Girardot cloua le bec aux critiques les plus sceptiques en incarnant avec un désarmant mélange de puissance et de douceur une jeune vigneronne orpheline combative. Enfant de la balle (elle est la fille d’Hippolyte Girardot et d’Isabel Otero), ce beau brin de fille de 30 ans qui se prête facilement au jeu des créateurs de mode aurait, il est vrai, pu passer pour une « it girl ». Mais d’un film de choix à un autre (Le Beau Monde ; La prochaine fois je viserai le coeur ; Un homme idéal), elle montre un jeu subtil et gracieux qui lui permet d’incarner des personnage­s très éloignés de celui de fille fragile qu’on lui prête volontiers.

La preuve cette semaine avec Marilyn, l’héroïne du Bonhomme de Marion Vernoux. Lorsque son compagnon, victime d’un accident de la route, passe de l’état de matou apathique à celui de fauve à la sexualité débridée, cette jeune femme insouciant­e se révélera un allié fort et habile. Face à un Nicolas Duvauchell­e surprenant (et épatant), l’actrice parvient à exister en dégageant une énergie et une spontanéit­é authentiqu­es. En reprenant au pied levé ce rôle destiné à Sara Forestier, elle y a apporté sa touche et son tempéramen­t. « En l’endossant du jour au lendemain, j’ai pu saisir le tempo de Marilyn qui, elle, du jour au lendemain, se retrouve confrontée à cet homme qu’elle aime, mais qui ne ressemble plus à celui qu’elle connaissai­t », explique-t-elle. De quoi convaincre les réalisateu­rs de lui faire une place dans leurs histoires (Klapisch l’a ainsi rappelée pour son prochain film) et d’attiser notre envie de la voir évoluer dans tous les univers. Car à l’image d’une autre Girardot, le cinéma français pourrait l’aimer longtemps, et peut-être même follement.

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