LA VICTOIRE EN DÉCHANTANT

★★★ JOURS DE DÈCHE, de Didier Delome, Le Dilettante, 253 p., 18 €.

Dans le brouhaha de la rentrée littéraire, un homme modeste sort un modeste récit. C’est l’histoire d’un homme qui tente de se suicider au milieu des ordures jonchant son loft, avec un cadavre de chien, un chat et plusieurs perroquets. Ce Léautaud des temps modernes est un ancien galeriste qui a fait à plusieurs reprises « le tour du monde, et en première classe ».

Il a mené la grande vie des années durant, mais désormais, il a

« perdu la partie ». Expulsé de son logement, il se retrouve à la rue avec un sac Hermès et un ordinateur MacBook. C’est la fin annoncée d’une vie qui n’a plus rien à lui proposer : Didier Delome est rayé de la carte ; comme disait Franck Ribéry, « La routourne a tourné ». Mais une fée se penche sur lui. Une certaine « Madame B. », assistante sociale, lui trouve un hébergement provisoire au bout du monde : à Villiers-le-Bel, tout au fond de la ligne du RER D. Chaque semaine, il devra revenir à Paris dans l’espoir d’arracher un nouveau bon pour ce logement gratuit. Chaque semaine, Madame B. fera des miracles.

Jours de dèche est la chronique d’une chute vertigineuse, mais aussi le témoignage d’une certaine générosité sociale : grâce à sa bonne fée, l’auteur survit. Dans un monde où il ne peut plus penser qu’au jour le jour, sans dépenser plus de 5 euros au quotidien. Jamais dramatique, toujours digne et presque joyeux, l’auteur raconte tout cela avec un style simple : c’est ce qu’on entrevoit parfois au journal de 20 heures et qu’on se dépêche d’oublier. On n’oubliera pas ce livre pour autant.