JACQUES RICHARD : LA MÉMOIRE DU CIRQUE
Pendant des décennies, le journaliste du Figaro Jacques Richard a « suivi » le cirque. Après avoir contribué au journal L’Aurore avant son rachat par Robert Hersant, il rejoignit les plumes du Figaro, d’abord aux pages « Littérature » et « Politique étrangère », avant d’entamer ses remarquables chroniques sur sa passion. Aujourd’hui, ses articles représentent la plus grande somme écrite sur l’art circassien à la fin du XXe siècle. Simplement en racontant ce qu’il voyait, il a livré le plus beau des témoignages sur cet univers et ses nombreuses évolutions depuis la guerre.
Grande institution familiale à l’origine, le cirque s’est peu à peu mué en discipline artistique à part entière. En témoigne la création des écoles et des centres nationaux qui se sont bien éloignés des numéros de clown et de dresseur de fauves. Nonobstant son regard artistique, Jacques Richard n’oubliait pas l’économie du cirque : le déroulement des saisons, les numéros engagés ou les capacités d’accueil des salles et chapiteaux. Il s’est ému de la démolition de bâtiments, comme celui de Medrano, boulevard de Rochechouart. C’est dire son apport dans ce domaine. C’est devant cette richesse historique que Philippe Goudard, titulaire d’une chaire sur l’histoire du cirque à l’université Paul-Valéry de Montpellier, et son collègue François Amy de La Bretèque ont compilé les 300 articles publiés entre 1968 et 1997. Jacques Richard a participé à la réalisation de cet ouvrage, mais il est décédé le 9 février dernier, avant la parution. Au Figaro, qui a autorisé cette parution, Virginie Le Trionnaire, Valérie Saulnier et l’auteur de ces lignes ont aussi aidé à la parution de cet ouvrage. « L’esthétique du cirque est le reflet de la société », explique Philippe Goudard. Un art où seuls les passionnés ont droit de cité. C’est ainsi que ce « flamboyant spectacle aimé du public » a réussi à se faire une place au-delà des audimats et du star-system.
Trente ans de cirque en France, chroniques de Jacques Richard, Presses universitaires de la Méditerranée, 304 p., 45 €.