TESLA MODEL S 100D
Une autre façon de rouler
Devenu la limousine la plus vendue en France, le modèle électrique d’Elon Musk nécessite une phase d’accoutumance avant d’en tirer le meilleur parti.
Accueillie voici quelques années avec une pointe de commisération et de sarcasmes, la voiture de luxe électrique « made in California » d’Elon Musk a fait voler en éclats les vieux schémas. Phénomène encore impensable voici peu, la limousine Model S a réussi la prouesse, sur certains marchés, dont la France, de séduire davantage que les historiques du segment que sont la Mercedes Classe S et la BMW Série 7. Piqués au vif, les acteurs du premium multiplient les projets.
Sans attendre la déferlante électrique, promise depuis l’annonce de la mort programmée des voitures à moteur thermique d’ici à 2040, nous avons passé une semaine en compagnie de la Tesla Model S. Calandre obturée, fines optiques à LED conférant un regard bridé, logo obscur : la limousine intrigue. L’habitacle impressionne avec son immense écran tactile de 17 pouces remplaçant la console centrale. Toutes les fonctions sont commandées depuis cette tablette qui ravit les geeks. Dans la rue, les badauds continuent d’être interloqués par cet objet non identifié circulant en silence. Le propre de la propulsion électrique. Celle de la Tesla déménage. Pas plus une moto qu’une voiture de sport ne résiste à la violence de l’accélération dès les premiers mètres. A en avoir le souffle coupé. Et au risque de voir la direction se délester et l’autonomie fondre à vue d’oeil. Ce point est vraiment le talon d’Achille du véhicule électrique. Il oblige à repenser notre façon de rouler et à planifier chaque long trajet et les arrêts pour recharger la batterie d’une capacité de 100 kW. Sur l’autoroute, où la consommation peut friser les 26,5 kWh/100 km, l’autonomie ne dépasse pas 400 km. Un peu juste pour envisager un allerretour Paris-Reims sans recharger. On roule ainsi en permanence avec un fil à la patte. Cela peut devenir anxiogène. Sur une borne 3 kW, l’ordinateur indiquait vingt heures pour recouvrer 50 %. Si le réseau français compte déjà 63 stations de superchargeurs, Paris n’en dispose pas. C’est au parking du Novotel d’Orgeval que nous avons pu récupérer 80 % d’autonomie en trente minutes. Et le dimanche, pour aller dans le Perche, nous avons préféré prendre notre « vieille » voiture, de peur de nous retrouver batterie à plat, faute d’infrastructures suffisamment performantes en chemin. Changer ses habitudes n’est pas chose aisée.