SEUL CONTRE TOUT
★★★ AU LOIN, de Hernán Díaz, Delcourt, 334 p., 21,50 €. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Barbaste.
C’est un migrant d’un genre particulier qui arrive sur la côte ouest des Etats-Unis au XIXe siècle. Hakan est un gentil géant suédois tout jeune homme, à la recherche de son frère qu’il suppose être de l’autre côté du pays, à New York : partis d’Angleterre, ils ont chacun pris un bateau différent. Simple et naïf fils de paysans, le descendant de Viking décide, en toute simplicité, de traverser le continent d’ouest en est pour aller le retrouver… C’est le début d’une suite d’aventures extraordinaires durant lesquelles le géant, surnommé « Hawk » par les Anglo-Saxons incapables de prononcer correctement son prénom, va rencontrer quelques personnages extravagants, et surtout, voir du pays. Il y a un naturaliste, une mère maquerelle qui le déniaise, et des Mormons fondamentalistes alliés des Indiens qui attaqueront le convoi que Hawk a momentanément rejoint. Durant l’attaque, le Suédois fait preuve d’un courage sans faille, ce qui lui vaudra une réputation de légende, mais aussi la haine des survivants décidés à l’abattre… Poussé à fuir toujours plus vers l’est, Hawk s’installera, seul, pendant plusieurs années dans des grottes avant d’en ressortir vieillard. On pourrait comparer ce roman si bien écrit à quelques films – Jeremiah Johnson, Le Convoi sauvage ou son remake inavoué The Revenant – mais ce serait une erreur : Au loin n’est pas un western, il n’y a guère d’Indiens et peu de cow-boys. C’est un road movie sans route ni intrigue ni dialogue, un roman d’initiation dont la solitude serait le personnage principal. Ce premier roman a été finaliste du Pulitzer, on comprend pourquoi.