CEUX QUI PROFITENT DU SYSTÈME NE VEULENT PAS BOUGER
Les premiers mois du quinquennat ont été utilisés à vider les placards des cadavres laissés par la majorité précédente. De bonnes choses ont été réalisées, il faut le souligner : jour de carence, ISF vidé aux deux tiers, réduction du nombre d’emplois aidés… mais la liste est incomplète et se caractérise surtout par le fait que l’ambition reste faible derrière les rodomontades. En 2018, les ménages n’ont pas vu leurs impôts baisser et, d’ici à 2022, il y aura seulement 20 milliards de baisses d’impôts au total (et combien de hausses ?), entreprises et ménages compris. La France affiche au compteur plutôt 100 milliards d’impôts en plus par rapport aux pays d’Europe et 200 milliards de dépenses en plus.
Le code du travail est encore plus lourd et les ordonnances offrent une vision bien gentillette de la flexibilité. Les seuils sociaux bloquent toujours (surtout celui de 50 salariés) la croissance de nos entreprises et les embauches. Le chômage stagne toujours pour l’instant avec plus de 6 millions de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues.
Heureusement pour le gouvernement, le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) voté sous Hollande commence à porter ses fruits, booste un peu la croissance et l’emploi marchand.
Mais il ne suffit pas de thésauriser sur les deux bonnes mesures prises pendant le précédent quinquennat. La bataille de la compétitivité est loin d’être gagnée, la croissance faiblit et les jours filent à toute allure, plus le temps de rester au niveau de la réformette. Toujours trop d’élus, trop d’impôts, de dépenses, de communes, de taxes, d’aides sociales. Il ne reste plus que 1 300 jours pour redresser la France avant les présidentielles de 2022. Ceux qui profitent du système et ne veulent pas bouger sont aussi bien en place. Ils sont encore très puissants. Surtout, personne ne les contrôle vraiment. Ce sont des Etats dans l’Etat. Les grands corps, les syndicats paritaires et les élus n’en font qu’à leur tête. La rente publique, ils connaissent. Pour survivre, dès qu’ils le peuvent, ils transforment les réformes en monstres de complexité. Face à leur pouvoir d’inertie, les gouvernements passent et les réformes trépassent. Ce qu’ils veulent ? Que l’immobilisme triomphe. Comme on l’a vu encore récemment avec l’affaire Benalla, le réflexe de transparence est loin d’être acquis, l’opacité de l’ancien monde n’est pas loin.