Le Figaro Magazine

LES RENDEZ-VOUS

On doit à cet avocat la redécouver­te de plus d’une centaine d’écrivains étrangers. Parmi eux : Dashiell Hammett, Jim Harrison, Somerset Maugham, Evelyn Waugh…

-

de J-R Van der Plaetsen

Pendant plus de trente ans, il a été scout. Rien à voir avec les chères petites têtes blondes qui se réunissent le week-end selon le voeu de Baden-Powell. Un scout, dans le monde littéraire, c’est celui qui apporte un livre à une maison d’édition quand l’agent se charge de défendre les intérêts d’un auteur auprès d’un éditeur. Des années 1950 à 2000, au cours desquelles les lecteurs français ont découvert la littératur­e étrangère, notamment américaine, on recensait en France quatre ou cinq scouts. Le meilleur d’entre eux était sans conteste Jean-Claude Zylberstei­n, avocat spécialisé dans le droit d’auteur à la ville.

Qu’on en juge : à lui seul, Zylberstei­n a fait traduire et publier en France pour plus de vingt millions d’ouvrages ! Excusez du peu… Et pas n’importe quels livres ! On lui doit notamment l’introducti­on en France ou la réédition des romans, essais ou souvenirs de Jim Harrison, Dashiell

SOUVENIRS D’UN CHASSEUR DE TRÉSORS LITTÉRAIRE­S, de Jean-Claude Zylberstei­n, Allary Editions, 465 p., 22,90 €. Hammett, Somerset Maugham, Evelyn Waugh, Primo Levi, Robert van Gulik, et des centaines d’autres encore. Les titres de ces auteurs étaient publiés chez Christian Bourgois ou Robert Laffont, ainsi que dans des collection­s de poche, parmi lesquelles figurait la fameuse 10/18. D’où le surnom, hélas moins élégant que sa personne, de Zylberstei­n : « le book-tubeur ».

Ecouter parler cet homme avec l’exactitude des choses sues et si longtemps tues, c’est revivre ces merveilleu­ses années où la littératur­e était une excuse pour les paresseux de grand talent. Il faut lire les pages pleines d’amitié et de tendresse qu’il consacre dans son recueil de souvenirs à Jean Paulhan, Françoise Sagan ou Jim Harrison. « Ce livre, dit-il joliment, témoigne d’une certitude : il n’est jamais trop tard pour mieux faire. » Zylberstei­n a toujours entrepris avec passion et réussi avec modestie. Avec lui, le verbe « faire » prend la profondeur du verbe « être ».

“J’ai bien conscience que c’est grâce à la lecture, à toutes mes lectures, que j’ai sorti la tête de l’eau : un homme qui lit en vaut deux”

 ?? La phrase du livre à retenir (p. 236) ??
La phrase du livre à retenir (p. 236)

Newspapers in French

Newspapers from France