Le Figaro Magazine

DE LA LOI DU DÉSIR AU DÉSIR DE LA LOI

- Paulin Césari

Faut-il que l’enfant périsse pour que la PMA s’accompliss­e ? Telle est la question posée par l’esprit des lois à venir autorisant la reproducti­on artificiel­le pour toutes. Ses thuriférai­res s’en vont beuglant ad nauseam :

« droit à l’enfant ». Mais in fine, quel en serait le fondement ? Une simple et unique chose : le désir d’enfant ! Désir absolutisé, donc irrépressi­ble. L’enfant à tout prix ? A n’importe quel prix ? Au prix de l’enfant même ? Vu la place nulle qu’il occupe dans le débat, c’est la conclusion à laquelle il faut aboutir. Des « droits de l’enfant », il n’est presque jamais question ! L’enfant n’est pas un sujet, au propre et au figuré, tel est le présupposé. Il n’est pas sujet de son désir, pas un sujet éthique, pas un sujet juridique.

Que devient-il alors ? Un objet ! Un objet du désir. Un objet auquel on a droit. Un objet fabriqué. Un instrument destiné à satisfaire le désir d’un sujet dominant, voire un anxiolytiq­ue « biotech » aux vertus apaisantes. Cette « reductio ad objectum » ne doit rien au hasard. Elle obéit à l’injonction sadienne qui est l’esprit du temps : « Jouir sans entraves ». Il en résulte que tout obstacle à la réalisatio­n du désir doit être liquidé.

Que toute altérité s’opposant à la tyrannie de la jouissance doit être éradiquée. Il est donc logique que l’intérêt supérieur de l’enfant soit sacrifié.

Il est l’angle mort de la PMA. Sa condition d’impossibil­ité.

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