Le Figaro Magazine

SALUT L’ARTISTE !

- LES PASSE-TEMPS D’ÉRIC NEUHOFF

Ça n’est pas rien. Julien Clerc fête ses 50 ans de carrière. La France a grandi avec lui. Sa voix a accompagné des joies, des amours, des chagrins. Il y avait les mots si particulie­rs d’Etienne Roda-Gil. La poésie se déclinait en refrains qui trottaient dans les têtes.

Ça n’était rien. La souffrance cachait bien son jeu. A un moment, Jean-Loup Dabadie a pris le relais.

Ça devait arriver. Ah, Dabadie ! Avec son nom en notes de musique, il a écrit les sketches de Bedos, des chansons pour Gabin, a été le complice de Claude Sautet. C’était les années 1960, 1970. Dabadie aligne sans ciller Les Choses de la vie, César et Rosalie, Vincent, François, Paul et les autres. Ça n’est pas tout.

La Gifle, Un éléphant ça trompe énormément s’ajoutent à la liste. On aura une pensée émue pour Salut l’artiste, film triste, à l’italienne. Grâce à Dabadie, Piccoli a eu un accident de voiture, Montand un infarctus. Romy Schneider disparaît du jour au lendemain et Isabelle Adjani pique une crise de nerfs.

Ce sont des souvenirs incomparab­les. Les usines ferment. La mort s’approche au ralenti. Les mariages se déroulent au son des Brandebour­geois de Bach. Le cinéma est fait d’adultères, de dimanches à la campagne, de soirées un peu trop arrosées, de lettres lues en voix off, de femmes qui partent, d’enfants qui ne comprennen­t pas ce qui leur arrive. Merci, monsieur Dabadie. Ce discret est un génie. Il ne le sait pas. Il est bien le seul.

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