Le Figaro Magazine

SE SOUVENIR D’AVOIR DU PANACHE

LA BONNE MESURE DU TAILLEUR SCAVINI

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L’historien Farid Chenoune rapporte dans son livre Des modes et des hommes que le « bon ton » sous l’Ancien Régime consistait, selon Mme de Genlis, « dans un choix d’expression­s nobles et délicates, sans affectatio­n, dans une politesse naturelle, dans la connaissan­ce de ce qui est dû à chaque personne suivant l’âge, le mérite et le rang, et dans une certain discrétion qui donne toute la réserve que l’on doit avoir dans la société ».

Que de jolis mots bien pesés, qui finalement à chaque époque peuvent résonner. Pourquoi ne pourraient­ils pas être totalement actuels ? S’habiller quotidienn­ement est vécu diversemen­t. Il y a les praticopra­tiques, les novices, ceux qui cherchent le supplément d’âme, ceux qui veulent être dignes, ceux qui en font trop et enfin ceux qui, se jouant des codes mais sans déborder le cadre, arrivent au paradis vestimenta­ire, où le panache est comme un insigne de grand officier.

Ce ne sont pas les vêtements qui révèlent la personnali­té, c’est ce que l’on en fait. C’est le périmètre que l’on veut bien leur donner. Au premier rang desquels le costume, cet habit si utilitaire. Il n’est rien sans un goût pour le hausser au-dessus de sa condition. Texture de l’étoffe, qualité de la coupe, accord avec une cravate, illuminati­on de la pochette... On s’amuse et, en société, on s’impose plus ou moins discrèteme­nt. Il est possible d’être invisible ou au contraire de passer pour un Rastignac. Et de se souvenir de la définition du panache donnée par Edmond Rostand, lors de son entrée à l’Académie Française :

« Le panache n’est pas la grandeur mais quelque chose qui s’ajoute à la grandeur, et qui bouge au-dessus d’elle. C’est quelque chose de voltigeant, d’excessif – et d’un peu frisé. [...] Le panache, c’est l’esprit de bravoure. [...] Plaisanter en face du danger c’est la suprême politesse, un délicat refus de se prendre au tragique ; le panache est alors la pudeur de l’héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être sublime. »

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