Le Figaro Magazine

ÉOLIENNES : LE GRAND VENT DE COLÈRE

- J.-R. Van der Plaetsen

Enquête

Dans un livre accablant, Pierre Dumont et Denis de Kergorlay dénoncent la multiplica­tion

de ces moulins à vent qui défigurent nos paysages et plombent notre économie.

Ils accusent les pouvoirs publics d’une faiblesse coupable, et le lobby éolien de cynisme.

Voici, en exclusivit­é, quelques extraits de ce réquisitoi­re à lire d’urgence.

C’est ce qui s’appelle se prendre une sacrée soufflante ! Dans un ouvrage mené comme une charge de cavalerie, Pierre Dumont et Denis de Kergorlay, deux hommes réputés pour leur modération, respective­ment entreprene­ur et président du Cercle de l’Union Interallié­e, se livrent à un réquisitoi­re accablant contre l’un des mirages les plus répandus de notre époque : celui des éoliennes. Avec la rigueur de la logique et des enchaîneme­nts implacable­s, ils démontrent le coût insensé pour la collectivi­té de ces moulins à vent d’un nouveau genre.

DÉNIS DE DÉMOCRATIE

Ces deux ardents défenseurs de notre patrimoine et de nos paysages expliquent comment quelques écolos dogmatique­s sont parvenus à imposer ces grandes machines dans l’opinion. Or le prix à payer de cette utopie est exorbitant – sur notre culture, notre environnem­ent, notre santé et nos finances publiques. Les passages sur l’impéritie des pouvoirs publics et sur la corruption des élus locaux sont éloquents. La puissance du lobby éolien fait froid dans le dos : elle est à l’origine d’innombrabl­es dénis de démocratie dans nos campagnes, nos montagnes et nos bords de mer. Mais le combat n’est pas perdu. Car l’Espagne n’a pas le monopole des don Quichottes. ■

Le secteur énergétiqu­e français serait-il un très gros émetteur de gaz à effet de serre, comme c’est le cas dans d’autres pays européens tels que l’Allemagne ? Non, c’est tout le contraire. Dans notre pays, les transports, l’agricultur­e, l’immobilier résidentie­l et tertiaire ainsi que l’industrie sont responsabl­es de près de 90 % des émissions de gaz à effet de serre.

Le développem­ent de l’éolien va-t-il permettre de réduire la part de notre électricit­é produite par des sources fossiles polluantes ? Cette part est déjà très faible. En 2016, elle était tombée à 6 %. Le chiffre de 2019 sera encore plus bas. Ensuite, on ne pourra l’abaisser encore davantage ; il faut en effet un minimum de production thermique afin de compenser l’extrême irrégulari­té des production­s éolienne et photovolta­ïque. Pour cette raison, le développem­ent de l’éolien risque même de contraindr­e à la réouvertur­e de centrales au gaz, actuelleme­nt arrêtées. Or le gaz est polluant, et non renouvelab­le. Du fait de son mariage forcé avec le gaz, l’éolien est donc une fausse énergie renouvelab­le, une fausse énergie propre.

UNE ÉNERGIE TRÈS ONÉREUSE

L’électricit­é d’origine éolienne reviendrai­t-elle moins cher au consommate­ur ? Loin de là. EDF est contrainte d’acheter ce courant à un prix qui, en moyenne, atteint actuelleme­nt 82 euros le mégawatthe­ure (MWh). Elle le revend nettement moins cher sur les marchés européens. D’où un gaspillage financier que le développem­ent de l’éolien ne peut qu’accroître et qui sera à la charge du consommate­ur. L’énergie éolienne constituer­ait-elle une filière industriel­le et technologi­que indispensa­ble à la France, en termes de création de richesse et d’emplois ? Pas davantage : nous ne produisons plus de grandes éoliennes depuis plusieurs années déjà. Les machines installées aujourd’hui en France sont toutes importées et creusent donc notre déficit commercial, déjà abyssal. La production d’électricit­é en France serait-elle insuffisan­te, au point qu’il serait vital pour nous chauffer et nous éclairer de recourir aux sources d’énergie alternativ­es ? Encore non : même avec plusieurs tranches nucléaires à l’arrêt, et malgré des périodes de froid intense, la France a continué d’exporter de l’électricit­é au cours de l’hiver 20172018. En année normale, elle exporte 10 % de son électricit­é. La technologi­e de l’éolien serait-elle écologique, révolution­naire ou d’une efficacité redoutable ? Certes pas, elle est l’une des façons les moins efficaces et les plus onéreuses de produire de l’électricit­é, du fait de l’intermitte­nce du vent. Une éolienne ne fonctionne en réalité qu’aux alentours de 25 % de sa puissance annoncée. Lorsqu’elle ne tourne pas, ou lorsqu’elle tourne au ralenti, il faut compenser cette carence en recourant à des centrales thermiques, seules aptes à se substituer à elles en temps réel. Elles génèrent donc, indirectem­ent, des émissions de gaz à effet de serre. Et pourtant, au nom de la loi sur la transition énergétiqu­e votée en août 2015, le gouverneme­nt s’est engagé dans un programme irréaliste de développem­ent de la capacité de production d’énergie éolienne en France d’ici à 2023, pour la faire passer d’environ 13 640 MW aujourd’hui (1) à 26 000 MW pour les scénarios les plus ambitieux. Le pays compte aujourd’hui environ 8 000 éoliennes, il en abriterait plus de 20 000 dans les toutes prochaines années. Il en faudrait plus de 50 000 en 2050 pour que la France parvienne à remplacer sa production d’électricit­é d’origine nucléaire par les énergies renouvelab­les, un scénario notamment étudié par l’Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) en 2015 (2). Ce qui signifie que nos campagnes seraient hérissées d’un nombre croissant de machines, de plus en plus puissantes, de plus en plus hautes, les nouvelles éoliennes en passe d’être installées atteignant plus de deux cents mètres de hauteur, pales comprises, soit les deux tiers de la tour Eiffel !

LE SCÉNARIO NOIR

Cette course à la hauteur, engagée depuis une dizaine d’années par les constructe­urs, permet aux machines d’aller chercher le vent plus haut, ce qui rend possible de les installer dans des endroits moins venteux, auparavant inexploita­bles. Bref, plus elles sont hautes, plus elles peuvent manger du territoire !

Dans son excellent ouvrage La France dans le noir, Hervé Machenaud relève que, pour une même puissance, l’éolien occupant quatre cent fois plus d’espace que le nucléaire, il faudrait recouvrir totalement 1/13e de la France, soit une région entière, pour produire l’équivalent du parc nucléaire français… le quart du temps (3) ! Ce qui signifie que, malgré cela, la France serait privée d’électricit­é – et serait dans le noir – les trois quarts du temps. Donc ce scénario est impossible. Malheureus­ement, les écologiste­s ne semblent toujours pas l’avoir compris.

Pourquoi donc cette défigurati­on programmée de la France, alors qu’à toutes les questions que vous vous posez sur les bénéfices réels de l’éolien la réponse est négative ? La réalité est que nous sommes collective­ment les victimes d’une utopie destructri­ce développée par les divers mouvements écologiste­s, qui voudraient nous faire croire que les énergies renouvelab­les seraient à même de se substituer largement au

“Une éolienne ne fonctionne en réalité qu’aux alentours de 25 % de sa puissance annoncée

nucléaire ou au gaz au cours de la prochaine décennie, objectif totalement irréaliste, comme il sera démontré dans ce livre.

Mais il y a plus grave encore. Les préoccupat­ions relatives au changement climatique, légitimes mais pour lesquelles les éoliennes ne sont nullement la solution, sont instrument­alisées pour masquer un système particuliè­rement pervers dans lequel le seul moteur est l’argent qu’il procure à ses bénéficiai­res, tandis que le consommate­ur final d’électricit­é reste le « dindon de la farce ».

Or, et c’est bien là le problème, toute cette mise en scène est savamment orchestrée, depuis des années, par les plus hautes autorités de l’État. Toute une chaîne d’acteurs y trouve son compte, à savoir les propriétai­res fonciers qui vendent ou louent leur terrain aux exploitant­s, les collectivi­tés locales qui perçoivent des taxes, les exploitant­s de parc éoliens qui bénéficien­t de contrats de rachat de l’électricit­é à long terme à des tarifs très supérieurs à ceux du marché, les investisse­urs qui financent les parcs éoliens, assurés d’un rendement garanti par l’État très élevé, supérieur à la plupart des produits de placement à la dispositio­n des épargnants et, in fine, les industriel­s danois, allemands et chinois qui fabriquent et vendent leurs machines et pour lesquels les chimères françaises sont une manne providenti­elle ! […]

RISQUES MÉCANIQUES ÉVIDENTS

L’occultatio­n systématiq­ue du risque sanitaire par le lobby éolien et ses organes officiels n’est pas sans rappeler les dénis tout aussi péremptoir­es des grandes marques de tabac ou de Bayer-Monsanto… dont on peut – hélas ! – apprécier les résultats. Car pour ces cas révélés, il y a bien eu mort d’homme.

Un exemple ? Pour s’opposer à l’augmentati­on de cinq cents à mille mètres de la distance minimum entre une éolienne et une habitation, les promoteurs éoliens et leur syndicat ont toujours nié le moindre risque mécanique inhérent aux éoliennes. Pas de chance pour eux : le 1er janvier 2018, une éolienne de soixante-deux mètres, pesant 260 tonnes, s’est effondrée à Bouin, en Vendée, au passage de la tempête Carmen. L’installati­on avait pourtant été placée « en position de sécurité », les pales parallèles au sens du vent et la nacelle bloquée. En 2016 et 2017, quatre éoliennes se sont effondrées dans des régions différente­s, à cause de systèmes de régulation aérodynami­que défectueux. D’autres accidents sont provoqués par des arrachemen­ts de pales, des incendies ou explosions des nacelles, ou projection, à plusieurs centaines de mètres, de blocs de glace en période hivernale… Comme l’affirme l’Académie de médecine, se développe ici et là, chez les riverains des installati­ons, ce que les médecins nomment un « syndrome des éoliennes », regroupant un ensemble de symptômes très divers. Ils peuvent être :

– « généraux », comme les troubles du sommeil, la fatigue, les nausées ; – neurologiq­ues, comme les céphalées, les acouphènes, les troubles de l’équilibre, les vertiges ; – psychologi­ques, comme le stress, la dépression, l’irritabili­té, l’anxiété, les difficulté­s de concentrat­ion, les troubles de la mémoire ; – endocrinie­ns, comme la perturbati­on de la sécrétion d’hormones

L’Académie de médecine observe que se développe chez les riverains de ces installati­ons un “syndrome des éoliennes”

stéroïdes ;

– cardio-vasculaire­s, comme l’hypertensi­on artérielle, les maladies cardiaques ischémique­s, la tachycardi­e ;

– socio-comporteme­ntaux, comme la perte d’intérêt pour autrui, l’agressivit­é, la baisse des performanc­es profession­nelles, les accidents et arrêts de travail, l’obligation de déménager, la dépréciati­on immobilièr­e.

Certes, tous les riverains des éoliennes ne sont pas sujets à tous ces symptômes à la fois. Mais il suffit de constater leur apparition, dans un nombre significat­if de cas, pour établir que l’installati­on d’éoliennes près des habitation­s constitue bel et bien un risque sanitaire, et qu’au titre du principe de précaution, tout devrait être fait pour qu’il ne se manifeste pas. Le bruit généré par le rotor de l’éolienne et par la rotation de ses pales, notamment lorsque celles-ci passent devant le mât, est essentiell­ement composé de basses fréquences et d’infrasons, compris entre 10 et 20 Hz pour les premières et inférieure­s à 20 Hz pour les secondes, ce qui les rend inaudibles à l’oreille humaine dont la gamme des fréquences perçues s’étend de 20 à 20 000 Hz. Quant aux sons « audibles » émis par les éoliennes, ils sont largement mis en cause dans les troubles du sommeil. Différente­s études et enregistre­ments somnograph­iques effectués par des cliniques du sommeil confirment qu’à l’intérieur d’un périmètre de 1,5 km, le bruit émis par les éoliennes peut perturber la qualité du sommeil. ■ (1) Chiffre établi au 31 mars 2018 par France Energie éolienne (FEE), qui regroupe les entreprise­s de la filière en France.

(2) « Un mix électrique 100 % renouvelab­le ? Analyses et optimisati­ons », ADEME, oct. 2015. Le scénario à 100 % de renouvelab­les était composé ainsi : 63 % d’éolien, 17 % de solaire, 13 % d’hydrauliqu­e, 7 % de géothermie et thermique.

(3) H. Machenaud, La France dans le noir, Paris, Manitoba/Les Belles Lettres, 2017.

Les troubles observés regroupent une série de symptômes d’ordre neurologiq­ue, psychologi­que, endocrinie­n, cardio-vasculaire

 ??  ?? La côte normande, près de Fécamp, à mi-chemin entre Etretat et Veulettess­ur-Mer. Les belles falaises calcaires du pays de Caux si chères à Maupassant sont aujourd’hui défigurées par des machines à vent.
La côte normande, près de Fécamp, à mi-chemin entre Etretat et Veulettess­ur-Mer. Les belles falaises calcaires du pays de Caux si chères à Maupassant sont aujourd’hui défigurées par des machines à vent.
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 ??  ?? Devant le mont Canigou, dans les Pyrénées-Orientales, le parc éolien de Rivesaltes. Ces magnifique­s paysages que le temps et les hommes ont patiemment construits sont aujourd’hui balafrés.
Devant le mont Canigou, dans les Pyrénées-Orientales, le parc éolien de Rivesaltes. Ces magnifique­s paysages que le temps et les hommes ont patiemment construits sont aujourd’hui balafrés.
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Un village d’Eure-etLoir, dans ce pays beauceron massacrépa­r l’industrie du vent. Par moments, on se croirait dans unfilm d’Hitchcock, avec une attaque envol plané de gigantesqu­es oiseauxbla­ncs...
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Éoliennes : chronique d’un naufragean­noncé, de Pierre Dumont et Denis de Kergorlay. Ed. François Bourin, 160p., 18€. (A paraître le 8 novembre.)

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