Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE

Le Canada a légalisé la vente et la consommati­on de drogue. Sans en mesurer toutes les conséquenc­es.

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de François d’Orcival

Si vous êtes opposé à la mise en vente libre du cannabis, votre opinion repose sur des « préjugés » ; si vous y êtes favorable, alors vous êtes « cool » et « tolérant » – dans le bon camp. Justin Trudeau, le sémillant Premier ministre canadien, est « cool » : à sa demande, son pays est le premier du G20 à avoir légalisé (le 17 octobre) la vente libre et la consommati­on du cannabis

« à usage récréatif ».

On pouvait lire, dans une édition de fin de semaine dernière du quotidien

Le Devoir, de Montréal, que « le premier grand déblocage canadien pourrait entraîner d’autres pays dans la danse en transe ». Par contagion, effet de mode, imitation… Mieux que cela : la légalisati­on va provoquer, estimait le journal, la création de puissants lobbies économique­s qui vont vouloir « monter dans le bateau » (prendre le train en marche). Les partisans de la légalisati­on du cannabis expliquaie­nt que l’on allait ainsi pouvoir sortir des « effets pervers » de la prohibitio­n (délinquanc­e, cartels, marché noir), mais, avec l’arrivée des drogues dites « douces » sur le marché, le marketing de masse va à son tour déclencher ses effets pervers sur la santé publique. Ces lobbies existent déjà chez nous ; ils vont disposer de moyens décuplés – dans un pays déjà vulnérable parce que gros consommate­ur clandestin. L’Académie nationale de médecine ne cesse de mettre en garde les pouvoirs publics contre la tentation de la dépénalisa­tion et de ses risques.

Ici, les voisins américains du Canada disposent de séries statistiqu­es impression­nantes (National Survey on Drug use and Health) sur l’usage des stupéfiant­s et ses conséquenc­es sur la santé, montrant que le « joint » et la « fumette » sont l’initiation la plus directe aux drogues les plus dures.

La dernière enquête révèle que, si la consommati­on globale a ralenti aux Etats-Unis, elle ne cesse d’augmenter chez les jeunes. Exemple type des effets de l’usage du cannabis (ou marijuana), les tentatives de suicide. Leur nombre atteint 1,3 million par an. Dont 600 000 chez les seuls 18-25 ans ! Chez les Américains, on dénombre 45 000 suicides par an

(8 900 en France). Traits particulie­rs de ces suicides : dans 7 cas sur 10, ce sont des Blancs ; et, de plus en plus, des jeunes…

Or, la consommati­on de ces stupéfiant­s est illicite aux Etats-Unis ; on imagine l’accélérati­on que provoquera­it la dépénalisa­tion !

La « transe » est aussi une danse macabre.

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