DITES-NOUS TOUT
“J’aimerais être l’homme que je suis… avec trente ans de moins ! ”
Augustin de Romanet
L’ancien patron de la Caisse des dépôts devenu PDG du Groupe Paris Aéroport est sur tous les fronts : l’internationalisation du groupe, une amélioration du service aux clients et surtout une prochaine privatisation. L’Etat veut en effet vendre une part significative de cette entreprise qui pèse près de 19 milliards d’euros et voit passer plus de 250 millions de passagers chaque année dans 26 aéroports du monde entier.
Votre paysage préféré ?
Celui vu de ma maison de Provence, en hauteur, avec six ou sept horizons de vert qui s’étendent sur 50 kilomètres jusqu’aux Alpilles.
Avez-vous une hygiène de vie ?
Dix minutes d’exercice physique le matin. Un coach m’accompagne une fois par semaine chez moi.
Qu’y a-t-il dans votre penderie ?
Des costumes neufs, des plus anciens et beaucoup de vieux ! Et des vestes de toutes les couleurs.
Quel livre aimez-vous offrir ?
Celui que je viens de dévorer. Le dernier est : Patria (Actes Sud), du romancier basque Fernando Aramburu, qui conte la division des familles créée par l’ETA de 1985 à 2005.
Quels morceaux de musique emmèneriez-vous pour un week-end ?
Les Impromptus de Schubert joués par Brigitte Engerer, ainsi que ses sonates, dont la D960, écoutée lors du dernier concert du Festival de La Roque-d’Anthéron auquel j’ai assisté avec mon épouse, décédée en 2014. Et puis une chanson émouvante découverte grâce à l’un de mes fils : Tant de belles choses, de Françoise Hardy.
La dernière exposition vue ?
Cet été, à Aix-en-Provence, Nicolas de Staël et, hier, « Picasso, période bleue, période rose » au musée d’Orsay. Votre film préféré ?
Le magnifique Mon oncle d’Amérique,
d’Alain Resnais.
Y a-t-il un hôtel dans lequel vous pourriez vivre ?
Le Château Saint-Martin, à Vence, à 400 mètres d’altitude au milieu des oliviers, avec une vue à 180 degrés sur toute la Côte d’Azur.
Que vous reproche-t-on ?
Il faut le demander aux autres.
Avez-vous des maîtres à penser ?
Tocqueville, que j’ai découvert dans ma quinzième année. Un être très complexe, formé par le légitimisme, inspiré par Montesquieu, Rousseau et Malesherbes mais démocrate et républicain. Il a pensé l’histoire en lien avec l’économie et la sociologie. Il s’est inquiété que la démocratie ne dérive pas en despotisme. Il s’est toujours intéressé à des domaines négligés comme les colonies, les enfants pauvres, les Indiens Cherokees ou le système pénitentiaire qu’il est parti, le 2 avril 1831, étudier aux Etats-Unis avec l’un de mes grands-oncles.
Avec qui n’aimeriez-vous pas rester enfermé deux heures dans un ascenseur ?
Un cynique. Comment vous y prenez-vous pour diluer la tristesse ?
Toujours de la musique classique. Rien de tel que les cuivres de Bruckner ou Mahler pour vous regonfler.
Qui aimeriez-vous rencontrer ?
Blaise Pascal. Il m’aurait expliqué les chemins que j’ai toujours trouvés mystérieux qui l’ont conduit à faire son pari sur l’existence de Dieu.
Qui admirez-vous ?
Jean Zay, passionné d’éducation. Ses mémoires de captivité, Souvenirs et solitude, sont exemplaires. L’un des meilleurs de sa génération, assassiné en 1944.
Un lieu commun qui vous horripile ?
On a tout essayé.
La meilleure manière de vous ruiner intelligemment ?
Construire des écoles partout où il y en a besoin. Je crois à l’éducation. C’est aussi la priorité de la fondation d’entreprise du Groupe ADP.
Vos adresses préférées ?
L’Ecume des pages, une librairie de Saint-Germain-des-Prés ouverte jusqu’à minuit. Et le restaurant Les Climats, rue de Lille, avec une des meilleures caves à vins de Bourgogne de Paris.
La boisson qui vous rend meilleur ?
Je suis sûr qu’un Château Latour 1961 le ferait mais je n’en ai jamais bu.
De quoi abusez-vous ?
Des mauvais jeux de mots et, quand on est un manager, cela peut jouer des tours.
L’interdit que vous ayez transgressé ?
Ce n’est pas à vous que je vais le dire.
A quelle voix ne résistez-vous pas ?
Une voix grave de femme intelligente.
L’homme que vous aimeriez être ?
Le même avec trente ans de moins.