Le Figaro Magazine

LES CLÉS POUR COMPRENDRE

Les démocrates visent la majorité dans les deux chambres. Mais les républicai­ns, donnés battus avant l’été, retrouvent des couleurs dans les sondages.

- Par Jean-Marc Gonin

1 DES ÉLECTIONS TRÈS ATTENDUES

Comme souvent, les électeurs américains ont été longs à exprimer leur intérêt pour le scrutin de mimandat, notamment ceux qui votent républicai­n. Selon un sondage NBC/ Wall Street Journal, les chiffres ont fait un bond en octobre. Pas moins de 72 % des électeurs démocrates et 68 % des républicai­ns se sont déclarés très intéressés. Cela laisse présager une participat­ion élevée le 6 novembre, alors que ces scrutins peuvent laisser l’électorat indifféren­t (comme en 2014). Outre une kyrielle d’enjeux locaux (shérif, juge, procureur, maire, référendum­s, parlement des Etats…), les élections de mi-mandat de 2018 vont renouveler l’ensemble de la Chambre des représenta­nts (435 sièges) et un tiers des sénateurs (33 sièges sur 100). En outre, 39 gouverneur­s d’Etat seront élus. Autant dire que les résultats de toutes ces consultati­ons vont permettre de prendre le pouls des Etats-Unis et d’en mesurer les opinions politiques, deux ans après l’élection surprise de Donald Trump. Le Président en est parfaiteme­nt conscient, qui sillonne le pays dans tous les sens depuis des semaines pour soutenir des candidats et tenter de conserver sa majorité républicai­ne dans les deux chambres fédérales.

2 L’EFFET KAVANAUGH

Avant l’été, les démocrates fanfaronna­ient en annonçant une « vague bleue » (le bleu est la couleur des démocrates, le rouge celle des républicai­ns) le 6 novembre. Depuis, leur moral est redescendu au fil des sondages qui montrent un regain de leurs adversaire­s. Les politologu­es l’attribuent à la désignatio­n du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême. Le violent débat qui a surgi pendant sa confirmati­on par le Sénat a profité au parti du Président. Alors que les démocrates avaient soutenu les femmes qui accusaient le juge de tentative de viol et de harcèlemen­t sexuel, les républicai­ns avaient tenu bon et mis en doute la parole des plaignante­s, notamment celle de sa principale accusatric­e. Contre toute attente, la polémique, qui s’est soldée par une majorité de sénateurs favorables à la désignatio­n de Kavanaugh, a réveillé l’électorat républicai­n et boosté les intentions de vote pour les candidats courant sous cette bannière. Dans la dernière ligne droite, Donald Trump s’est saisi d’un autre thème porteur, l’immigratio­n illégale, en accusant les démocrates d’avoir organisé l’exode de ces milliers de Honduriens qui veulent entrer aux Etats-Unis via le Mexique.

3 UNE ISSUE DIFFICILE À PRÉDIRE

A un peu plus d’une semaine de l’ouverture des bureaux de vote, l’issue semble très incertaine. Le rebond des intentions de vote en faveur des républicai­ns pourrait signifier que les démocrates manqueront un de leurs objectifs : la majorité au Sénat. En effet, plusieurs sièges qui semblaient à leur portée apparaisse­nt désormais hors d’atteinte. Pis, des sénateurs démocrates sont à présent sous pression pour conserver le leur. Côté Chambre des représenta­nts, les intentions de vote indiquent que les républicai­ns devraient perdre la majorité. Mais, là aussi, ce qui s’annonçait comme un triomphe démocrate est devenu une course serrée.

Selon les sondeurs, les élections se joueront dans les périphérie­s des grandes villes américaine­s. Si ces dernières sont acquises aux démocrates et les zones rurales aux républicai­ns, les banlieues, elles, apporteron­t à un des deux camps la majorité à la Chambre. La règle veut qu’un président perde les élections de mi-mandat. Barack Obama et George W. Bush en avaient fait l’amère expérience. Mais Donald Trump et le mouvement qui l’accompagne sont tellement atypiques que tout pronostic est devenu hasardeux.

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Le Capitole, à Washington.

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