LES PALMES DE MONSIEUR AMALRIC
Avec « Le Grand Bain », l’acteur confirme être comme un poisson dans l’eau dans tous les genres : comédies, films d’auteur ou blockbusters.
Parce qu’une amitié, doublée d’admiration, s’est créée entre eux sur le tournage de Belles familles de Jean-Paul Rappeneau, Gilles Lellouche n’imaginait pas mettre en scène Le Grand Bain sans y plonger Mathieu Amalric. A lui revenait le rôle de Bertrand, dépressif assumé qui tente de retrouver un nouveau souffle en intégrant une équipe masculine de natation synchronisée. Aux côtés de Benoît Poelvoorde, Guillaume Canet, Jean-Hugues Anglade ou Philippe Katerine, l’acteur devait s’imposer comme un « passeur » qui ouvre sur chaque personnage les yeux des spectateurs. Alors qu’il peinait à achever le montage de Barbara
(son excellent faux biopic qui offrit à Jeanne Balibar le césar de la meilleure actrice), Amalric a senti qu’un tel défi ne se refusait pas. Mais le challenge n’était pas là où on le croit : « Ce n’était pas l’entraînement car c’est toujours un bonheur d’entrer dans un rôle par le physique. Ce n’était pas non plus le fait de dépasser le ridicule, d’être en slip de bain à cru et à nu, parce que s’il n’y a pas ça, ça ne m’intéresse pas. Mon problème, c’est que j’étais face à des génies d’acteurs et des personnages hauts en couleur. En leur présence, je me trouvais fadasse, j’avais l’impression d’être le quatrième frère Marx. Et puis, ayant pratiqué, plus jeune, la natation en compétition, l’autre défi était de ne pas avoir l’air trop bon ! »
En relevant tous ces paris, le comédien fétiche de Desplechin, lauréat de trois césars, capable de s’imposer aussi bien dans nos films d’auteur que dans une série comme Le Bureau des légendes ou des blockbusters américains (Munich, Quantum of Solace, Cosmopolis) et de devenir un réalisateur chéri de Cannes (avec Tournée et Barbara), remporte une autre palme grâce à sa performance magistrale dans Le Grand Bain.