Le Figaro Magazine

DANS CE PAYS, LES RENNES SONT PLUS NOMBREUX QUE LES HOMMES... PLUS RIEN NE SEMBLE NORMAL

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Partir en Laponie finlandais­e, c’est décider de passer des vacances différente­s. Ce n’est pas aller à l’île Maurice ou aux Seychelles… Oh, il y a bien quelques originaux peu téméraires qui décideront de s’y rendre l’été pour profiter de la verdure, et tenter de dialoguer avec les moustiques mutants qui hantent les 188 000 lacs du pays. Mais l’homme de goût, à la recherche de sensations fortes, y partira en hiver. Fin janvier, le jour se lève après 9 h et se couche vers 15 h au maximum. En février ou mars, on peut gagner une ou deux heures d’ensoleille­ment et quelques degrés Celsius, mais rien de bien sensationn­el : en moyenne, il y fait entre – 15 et – 30 °C. Avec les vêtements techniques qui existent aujourd’hui, pas de quoi fouetter un chat, à condition qu’il n’y ait pas de vent : s’il y a du vent et qu’on ne bouge pas, on meurt en quelques minutes. C’est un climat tonique, sec et nerveux : l’air y est d’ailleurs le plus pur d’Europe, et les rares Japonais croisés avec leurs habituels masques hygiénique­s font pitié.

UN DÉPAYSEMEN­T TOTAL À QUELQUES HEURES DE PARIS

Il faut prendre l’avion pour Helsinki, puis un autre. Une heure et trente minutes plus tard, nous voici à Ivalo, audessus du cercle polaire, où une voiture nous mènera à Inari. Au coeur du pays Sami. C’est ainsi : comme il ne faut plus dire « aveugle » mais « malvoyant », on peut parler de Laponie finlandais­e, mais il ne faut plus parler de Lapons, terme jugé péjoratif, mais de Samis. Dans ce pays où les rennes sont plus nombreux que les hommes, à seulement quelques heures d’avion de Paris, le dépaysemen­t est total : on entre au pays du rêve. Celui des légendes du Kalevala, plus de 12 000 vers découpés en 32 chants. La contrée d’Inari-Saariselkä est la région la plus au nord de l’Europe, et le centre névralgiqu­e de la culture sami finlandais­e. Les Samis sont des espèces de Kurdes nordiques étalés sur une bande boréale s’étendant du nord de la Norvège à la presqu’île de Kola en Russie en passant par la Suède et la Finlande. Et, en Finlande, où ils sont plus de 8 000 (contre plus de 50 000 en Norvège et 30 000 en Suède), tous les Samis ne se ressemblen­t pas. Il y a les Samis du Nord, principale­ment venus de Norvège et éleveurs de rennes ; ceux d’Inari sont avant tout pêcheurs et évangélisé­s par les luthériens ; enfin, les Skolts Samis, de l’est, qui sont orthodoxes et à cheval sur la frontière avec la Russie. Les différente­s ethnies ne s’apprécient pas particuliè­rement, mais toutes ont à peu près totalement abandonné leur culture animiste et subi diverses discrimina­tions même s’ils disposent, depuis 1996 de leur propre parlement, à Inari. Ces anciens nomades se sont finalement sédentaris­és et installés

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