Le Figaro Magazine

LES CLÉS POUR COMPRENDRE

Depuis 2014, une guerre complexe, aux acteurs multiples, embrase le Yémen. Elle a fait au moins 10 000 morts selon l’ONU et menace la stabilité d’une région très inflammabl­e.

- Par Jean-Louis Tremblais

1 UNE GUERRE AUX MOTIFS COMMUNAUTA­IRES ET CONFESSION­NELS

Le (en Yémen 1990) de actuel deux résulte entités de distinctes la fusion : la « République arabe », au nord, et la « République démocratiq­ue populaire », au sud (d’obédience communiste). A cette première césure vient s’en ajouter une autre : le pays est composé de 55 % de sunnites et de 45 % de chiites.

Ces derniers appartienn­ent au courant zaydite. S’estimant lésés, politiquem­ent et économique­ment, ils ont commencé à revendique­r et à manifester contre le pouvoir central en 2004.

Leur chef religieux, Hussein Badreddine al-Houti, sera éliminé lors de ces turbulence­s.

Ses sectateurs, qui se baptiseron­t désormais « houtistes », prennent les armes et s’emparent de plusieurs territoire­s septentrio­naux.

A la faveur des printemps arabes, le président historique et tutélaire, Ali Abdallah Saleh, cède la place à Abd Rabbo Mansour Hadi en 2012. Les rebelles houtistes poursuiven­t leur avancée et pénètrent en 2014 dans la capitale, Sanaa.

2 UN AFFRONTEME­NT INDIRECT ENTRE RIYAD ET TÉHÉRAN

Le 25 mars 2015, le président Abd Rabbo Mansour se en Riyad une réfugie Arabie interventi­on déclenche Hadi saoudite. chez est ses militaire « exfiltré Tempête protecteur­s Dès le de avec lendemain, décisive Sanaa une sunnites, et », coalition Bahreïn, Jordanie, arabe (Emirats Qatar, arabes Maroc, unis, Egypte, Koweït, Soudan) et le soutien des EtatsUnis (renseignem­ent et logistique). En effet, la dynastie wahhabite soupçonne les houtistes d’avoir scellé une alliance avec l’Iran chiite, lequel interviend­rait sur le terrain via le Hezbollah libanais et les brigades al-Qods (forces spéciales des Gardiens de la révolution). C’est le prince héritier, Mohammed ben Salman, qui prend le commandeme­nt des opérations. Bombardeme­nts massifs, blocus maritime, livraison d’armes à la faction restée loyale envers le président fuyard : le conflit s’intensifie. L’ONG Oxfam estime qu’un civil est tué toutes les trois heures au Yémen. Le bilan humain est estimé à 10 000 morts mais des sources indépendan­tes l’évaluent à 50 000 morts. Selon l’ONU, 14 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentair­e (et la moitié, de famine) et le choléra a fait son apparition. Malgré tout, les houtistes s’accrochent et résistent.

3 UNE MULTIPLICI­TÉ D’ACTEURS INTERNES ET EXTERNES

C’est l’affaire assassiné sans Khashoggi dans doute l’enceinte une (le retombée journalist­e du consulat de saoudien à Istanbul le 2 octobre dernier) : Washington et Paris appellent maintenant Riyad à mettre fin aux hostilités. Ouvrir des négociatio­ns de paix « d’ici à 30 jours » : tel est le souhait formulé récemment par James Mattis, le ministre de la Défense américain. Son homologue française, Florence Parly, insiste quant à elle sur la crise humanitair­e engendrée par cette guerre. Livrer des armes est une chose, cautionner une famine et les bavures en est une autre… D’autant que les photograph­ies d’enfants faméliques font le tour du monde et émeuvent l’opinion publique. Mais rien ne dit que les belligéran­ts prennent langue ou se mettent d’accord. Et, pour ne rien arranger, le chaos yéménite a aussi renforcé les djihadiste­s d’al-Qaida dans la péninsule arabique, ceux-là mêmes qui ont revendiqué l’attentat contre Charlie Hebdo en 2015. L’Etat islamique n’est pas en reste : Daech compterait actuelleme­nt entre 500 et 1 000 combattant­s sur place. Dans cette poudrière, trouver une solution pacifique va relever de l’exploit.

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