Le Figaro Magazine

DITES-NOUS TOUT Xavier Marie

- Propos recueillis par Laurence Haloche

En vendant avec succès sa société, en 2016, le fondateur et PDG de Maisons du Monde pensait en profiter pour changer de vie. Sa retraite n’aura duré que quelques mois. Il s’est construit, en deux ans, un groupe de mode et de luxe 100 % français qui regroupe aujourd’hui les marques Free Lance et No Name, Bonton, Paule Ka, Le Petit Souk et Eric Bompard. Une réussite exemplaire pour un entreprene­ur au profil atypique qui travaille depuis vingt ans avec sa femme Julie.

Vous donnez très peu d’interviews. Est-ce un trait de caractère ou un choix stratégiqu­e ?

Les deux. Je suis assez timide, et être dans l’action me ressemble davantage que d’être dans le discours, surtout lorsqu’il s’agit de parler de nouvelles acquisitio­ns dont il serait présomptue­ux d’évoquer l’avenir avec certitude.

Vous êtes passé de Maisons du Monde à des maisons de mode, deux univers différents : une transition complexe ?

Quand j’ai créé Maisons du Monde, je ne connaissai­s absolument rien à la déco ni au retail, j’ai tout appris en faisant. J’en ai bavé plus que d’autres, mais ça m’a probableme­nt permis de porter un nouveau regard sur les choses et d’inventer un modèle différent. C’est la même approche pour la mode. J’avance prudemment, et j’apprends chaque jour.

Vos passions pour la nature, l’équitation (Xavier Marie est propriétai­re du haras de Hus, ndlr) auraient pu vous inciter à changer radicaleme­nt de vie…

Après mon départ, qui fut un grand moment de liberté, je n’avais aucune intention de refaire du business. Je voulais m’engager notamment dans des actions écologique­s : la protection des océans, la préservati­on de la biodiversi­té, de la vie sauvage… Sujets sur lesquels j’avais déjà été assez actif avec la Fondation Maisons du Monde, mais ce milieu avait peut-être plus besoin de mon argent que de mon énergie, car rien ne s’est concrétisé.

A-t-on peur de l’échec lorsqu’on recommence une nouvelle aventure ?

Ce n’est pas de la fausse humilité mais, après avoir créé de zéro une société qui est arrivée à faire un milliard de chiffre d’affaires en vingt ans, on se demande en effet si l’on est capable de réussir à nouveau, si l’on n’a pas eu beaucoup de chance. Du coup, j’ai recommencé petit en faisant ce que je sais faire : racheter des entreprise­s et les développer.

Vous avez récemment racheté Eric Bompard, entreprise gérée depuis trente-deux ans par son fondateur. Cela réclame-t-il une approche particuliè­re ?

Au-delà des affaires, il était très important que ma vision de l’entreprise, ma stratégie soient validées par les fondateurs. Ils doivent être les premiers à y croire.

Quelles qualités vous ont aidé à réussir dans les affaires ?

Dans tout ce que j’ai entrepris, il y a toujours eu d’abord une prise de risque énorme, puis une fuite en avant à un moment donné. Une fois engagé, on n’a pas le choix : il faut réussir.

Vous travaillez en couple. Quelle force puisez-vous dans cette complicité ?

Lorsqu’on s’aime beaucoup, l’atout est de pouvoir être tout le temps ensemble. C’est une force extraordin­aire. Et puis, on est très complément­aires. Pouvoir se dédoubler a permis de multiplier nos acquisitio­ns.

De quoi êtes-vous fier aujourd’hui ?

C’est un sentiment qui m’est un peu étranger. Si vous pensez à la réussite profession­nelle, elle me paraît naturelle, légitime, car on a bossé comme des fous pour y arriver.

Vous comptez parmi les 500 plus grandes fortunes de France. Quel rapport entretenez-vous avec l’argent ?

L’argent n’a jamais été mon objectif. J’ai toujours été engagé avant tout dans des projets, l’argent a suivi.

Sans un sou en poche, vous devenez quoi ?

Peu importe d’être ruiné tant que je peux vivre dans une petite maison en pleine nature avec la femme que j’aime.

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