Le Figaro Magazine

LE CAMP DES SAINS

- Paulin Césari

La lèpre nationalis­te » ! C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a qualifié le populisme en marche s’apprêtant à dévaster le monde. En écrivant sa Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies, Pascal n’imaginait sans doute pas qu’un jour on songerait au bon usage de la maladie… de l’autre ! L’autre ? Entendons : l’ennemi. Autrement dit un chien dont la rage légitime l’exécution. La rage ou toute autre pathologie anxiogène. Ainsi, le juif aura-t-il été qualifié de « tuberculos­e raciale des peuples » ; le nazisme de « peste brune » ; le suffrage universel de « morbus democratic­us » ; le communisme de « peste rouge » ;

le stalinisme de « syphilis du mouvement ouvrier » ; l’islamisme de « peste verte (ou noire) » ; le terrorisme de « cancer »…

Bref, qu’elle soit psychique ou somatique, la pathologis­ation de l’ennemi est une arme de destructio­n ultime. Elle exclut a priori toute dissidence en en faisant, au choix, un dérèglemen­t de l’âme ou du corps… de l’autre. Sa disqualifi­cation est alors assurée. Hospitalis­ation ou internemen­t à la clé, voire plus si affinités. « Je suis la santé, vous n’êtes pas moi, donc vous êtes la maladie. » Ainsi parle le narcissism­e radicalisé en son hétérophob­ie structurel­le. Pour lui, l’altérité est le mal radical, médecine et morale se confondent ; camp du Bien et camp du Sain ne font qu’un.

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