Le Figaro Magazine

MARCEL BRINDEJONC DES MOULINAIS

(1892-1916) Le pionnier de l’aviation

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Breveté pilote civil (n° 448) en mars 1911, Marcel Brindejonc des Moulinais est l’un des plus célèbres aviateurs de son époque. Né en février 1892 à Plérin, dans les Côtes-d’Armor, ce fils d’un capitaine d’infanterie se passionne très tôt pour l’aéronautiq­ue et ses pionniers. Son bachot et une licence de mathématiq­ues en poche, le jeune homme emprunte 4 000 francs – une véritable fortune – à sa famille pour acquérir un avion Demoiselle et multiplie les exhibition­s aériennes. Engagé par l’avionneur Morane-Saulnier, il échappe de justesse à la mort dans un accident. Mais, à peine sorti de l’hôpital, il reprend ses activités et se consacre aux raids aériens qui passionnen­t alors l’Europe entière. Le 10 juin 1913, il relie Paris à Varsovie et remporte la Coupe Pommery qui récompense les pilotes ayant volé sur la plus grande distance en un jour. Puis il continue son périple aux commandes de son Morane-Saulnier H et fait le tour des grandes villes européenne­s : Dwinsk (Lettonie), Tallinn (Estonie), Saint-Pétersbour­g, Stockholm, Copenhague, La Haye, puis Paris. A son retour en France, à l’âge de 21 ans, il devient le plus jeune chevalier de la Légion d’honneur. Un véritable exploit. En octobre, il est incorporé au 1er groupe aéronautiq­ue de Versailles en tant que simple soldat, avant d’être réaffecté, comme caporal, au 2e groupe d’aviation de Lyon.

A la déclaratio­n de la guerre, il est observateu­r dans l’escadrille DO-22, où il renseigne l’état-major sur la situation mouvante du front dans la Marne. Promu sergent le 3 septembre, il est fait souslieute­nant en décembre. Gravement malade en 1915, il est contraint au repos. Chef pilote à l’école Morane-Saulnier, l’officier s’ennuie et veut s’engager dans l’infanterie pour retrouver au plus vite le front. En mai 1916, il rejoint l’escadrille n° 23, spécialisé­e dans les missions de chasse, de bombardeme­nts lointains et les vols de reconnaiss­ance. Le 30 juillet 1916, le lieutenant Brindejonc des Moulinais remporte sa première victoire aérienne et descend, deux jours plus tard, un autre avion allemand. Mais, le 18 août 1916, il est abattu par des Français qui le prennent pour un appareil ennemi. Cité à l’ordre de l’armée à titre posthume, l’état-major salue un « officier aussi brave que modeste, incarnant en lui toutes les qualités qui font le héros simple et accompli ». A l’escadrille l’atmosphère est lourde et la colère difficile à refouler. Sans gloire ni honneur, un as est tombé.

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