Le Figaro Magazine

HENRI HERDUIN (1881-1916) L’officier fusillé

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Face aux soldats du peloton d’exécution, chargés de le passer par les armes pour désertion, le sous-lieutenant Herduin déclare : « Mes enfants, nous ne sommes pas des lâches. Il paraît que nous n’avons pas assez tenu. Il faut tenir jusqu’au bout pour la France. Je meurs en brave et en Français. Et maintenant, visez bien ! En Joue ! Feu ! » Né en 1881, Herduin s’engage comme volontaire à l’âge de 18 ans au 8e régiment d’infanterie coloniale. En 1900, il participe à l’expédition française en Chine contre les Boxers. Sous-lieutenant en octobre 1914, il fait partie du 347e RI quand il monte en ligne le 5 juin 1916 dans le secteur de la ferme de Thiaumont à Verdun. Au cours de l’attaque contre le fort de Vaux, le 8 juin, les Allemands détruisent ses positions. Son commandant, le colonel de Lamirault, est tué et le chef de bataillon est fait prisonnier. A court de munitions, sa compagnie et celle du sous-lieutenant Millant ont perdu la moitié de leurs effectifs et sont coupées de leurs lignes, sans aucun espoir d’obtenir des renforts. Dans la nuit, les deux officiers décident de profiter de l’obscurité pour décrocher avant que l’ennemi s’empare de leur position. Arrivés dans une tranchée tenue par le 293e RI, ils demandent des instructio­ns et se mettent à la dispositio­n de son commandant qui les renvoie réoccuper leurs positions. Ils savent que c’est un suicide et décident de regagner Verdun. Le 9 juin, ils sont à la caserne Anthouard et se reposent pendant quarante-huit heures avant de remonter en ligne le 11 juin au bois de Fleury, où se sont retranchés les 150 hommes de leur régiment. Immédiatem­ent mis aux arrêts, les deux sous-lieutenant­s sont condamnés pour abandon de poste et fusillés sans procès.

L’épouse d’Henri Herduin passera toute sa vie à réhabilite­r son mari. Grâce à son courage, la Ligue des droits de l’homme fait pression sur le Parlement, qui adopte, en 1924, une loi permettant de réhabilite­r sans recours aux tribunaux tous les soldats ayant été exécutés sans jugement. En 1925, une rue de Reims est baptisée du nom du lieutenant Henri Herduin. Et, le 20 mai 1926, la cour d’appel de Colmar prononce un arrêt de réhabilita­tion posthume en faveur des deux sous-lieutenant­s. Sur les 1 008 personnes fusillées pendant la Grande Guerre, 82 militaires furent exécutés sans jugement.

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