Le Figaro Magazine

ADOLPHE ALLIER (1893-1914) L’instituteu­r devenu zouave

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Né le 23 juin 1893 à Saint-Gilles, dans le Gard, Adolphe Allier vient de terminer ses études d’instituteu­r quand il est appelé sous les drapeaux. Nous sommes en novembre 1913 et le jeune homme est incorporé en Tunisie au 4e régiment de zouaves où il sert comme caporal. Le 19 août 1914, son bataillon est fondu dans le 1er régiment de marche de zouaves et rejoint la 45e division d’infanterie qui vient d’être créée à Oran, en Algérie. Le 6 septembre, les zouaves sont dans la Marne. La 45e division doit assurer la défense de Paris et remplacer les éléments les plus éprouvés de l’offensive de l’Ourcq. Le caporal Allier fait partie des hommes chargés de tenir coûte que coûte le village de Chambry. Mais les Français sont cloués au sol par les intenses tirs d’artillerie allemands qui pilonnent inlassable­ment ce qui reste des maisons et des fermes. Les zouaves réussissen­t malgré tout à garder leurs positions et montent à l’assaut. Mais le feu croisé des mitrailleu­ses et des batteries de 77 les arrête. Impossible d’aller plus loin. Replié derrière les murs du cimetière, le 6e bataillon d’Adolphe Allier a été décimé : 4 officiers ont été blessés et 21 sont morts ; 204 sous-officiers et hommes du rang ont été tués et 82 ont disparu, dont le caporal Allier. Son corps, retrouvé un mois plus tard, repose aujourd’hui dans le cimetière communal de Saint-Gilles. Le jeune instituteu­r n’aura jamais franchi la porte d’une salle de classe. Au total, 34 480 enseignant­s ont été mobilisés, dont 28 309 dans les formations combattant­es, 7 407 sont « tombés au champ d’honneur » et 9 624 ont été blessés. Les « hussards noirs » de la République sont parmi ceux qui ont payé le plus lourd tribut à la Grande Guerre.

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