GERMAINE DE LA VALETTE-MONTBRUN (1877-1918) L’infirmière volontaire
Quand j’étais petit, se souvient Philippe Bories, le petit-neveu de Germaine de La Valette-Montbrun, on nous montrait le cadre où se trouvait son portrait, sa croix de guerre et sa citation à l’ordre du régiment accroché au mur dans la vieille maison familiale de Mouleydier. On nous avait aussi amenés au monument aux morts de la commune, sur lequel son nom figurait parmi ceux des 33 autres enfants du village tombés en 1914-1918. » Puis cette héroïne de la Grande Guerre, dont il ne restait que des souvenirs d’enfance et de famille, quelques cartons entassés dans un grenier et un nom inscrit dans la pierre a été peu à peu oubliée.
Née le 7 juillet 1877 au château de Biran à Saint-Sauveur de Bergerac, elle s’engage à 37 ans comme infirmière à la Société de secours aux blessés militaires (SSBM) dès 1914. « Comme beaucoup de femmes de son milieu, elle aurait pu participer à l’effort de guerre en confectionnant des colis pour les soldats, raconte Philippe Bories. Mais elle voulait servir. » La jeune femme soigne ses premiers blessés de guerre à l’hôpital temporaire de la Croix-Rouge, à la caserne Davout de Bergerac, puis ses affectations se succèdent, toujours plus proches des premières lignes, du danger et de la souffrance. Affectée à l’hôpital temporaire 34 bis à Zuydcoote, elle est au chevet des intoxiqués par les gaz et fait l’impossible pour les soulager de leurs horribles brûlures. Mais elle contracte une grave maladie des yeux et doit être évacuée. A son rétablissement, en mai 1918, la Croix-Rouge la met à la disposition du commissariat général à l’Information et à la Propagande, dit « Maison de la presse », nouvellement créé sur ordre de Clemenceau. Elle conserve son statut d’infirmière et accompagne sur le front la célèbre journaliste américaine Cecil Dorrian avec une délégation de correspondants et d’officiels. Dans le contexte de l’offensive allemande en Champagne, sa mission est capitale. La France a encore plus besoin de l’aide des Etats-Unis, et le témoignage des journalistes qu’elle escorte pourrait jouer un rôle déterminant sur l’opinion américaine, largement isolationniste. Mais elle meurt le 19 octobre 1918 dans la région d’Epernay, à Bligny (Marne), victime d’une grenade perdue dont les éclats arrachent le bras d’un officier français et blessent une infirmière américaine.