Le Figaro Magazine

JOSEPH-RENÉ LE BARS (1896-1915)

Le marin de l’Yser

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A13 ans, Joseph-René Le Bars obtient son certificat d’études primaire et entre, deux ans plus tard, à l’Ecole des apprentis mécanicien­s de Lorient, où il suit une formation de forgeron et de conducteur de machines marines. Dans le Finistère, où il naît le 18 janvier 1896, on a la mer dans le sang. Le 1er août 1914, après vingt-deux mois de formation, il est apprenti mécanicien. Mais la guerre éclate et Joseph est mobilisé dans la brigade de fusiliers marins de l’amiral Ronarc’h. Le 17 août, il quitte Lorient. Puis Sceaux, Saint-Denis, Pierrefitt­e, Stains, Margency, Arnouville… des villes de France qu’il n’avait jamais vues, défilent les unes après les autres. A Paris, ils sont si jeunes qu’on les appelle les « demoiselle­s au pompon rouge ». Au mois d’octobre, la brigade arrive en Belgique pour renforcer l’armée belge assiégée à Anvers. Le matin du 9 octobre, Joseph Le Bars parvient à Gand et se bat à Melle, dans la plaine des Flandres, où la compagnie connaît ses deux premiers tués. Après l’évacuation d’Anvers, la brigade est à Dixmude, sur l’Yser, et brise l’assaut des divisions allemandes le 16 octobre. L’amiral Ronarc’h leur demande de tenir quatre jours et « de se sacrifier ». Les fusiliers marins tiennent trois semaines. Sur ses 6 000 hommes, 3 000 sont morts ou hors de combat. Nommé agent de liaison, puis ordonnance de l’officier commandant sa compagnie, Le Bars reçoit la croix de guerre avec la citation suivante : « A rempli les fonctions d’agent de liaison avec le plus grand courage. »

Le 1er novembre 1915, alors que la brigade vient d’être dissoute, Joseph Le Bars est grièvement blessé par un éclat d’obus reçu à la poitrine. A l’arrière ce jour-là, il voulait rejoindre à tout prix ses camarades au combat en s’écriant : « Ma place est là où l’on se bat ! » Il décède de ses blessures le 2 novembre 1915. Il n’avait pas 20 ans.

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