À TABLE (AVEC JIM HARRISON) !
UN SACRÉ GUEULETON, de Jim Harrison, Flammarion, 300 p., 21,50 €. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent.
Entre ses romans et ses nouvelles, Jim Harrison était journaliste gastronomique pour plusieurs gazettes américaines. Autant dire que son style était assez différent de celui de François Simon… L’ogre – un Depardieu yankee – écrit comme il mange : goulûment.
Dans ces articles, réunis pour la première fois en un monstrueux volume, l’auteur de Dalva expose minutieusement ses obsessions : l’ail, les piments du monde entier (« J’ai envoyé à McGuane le désormais célèbre livre de
Schweid, Hot Peppers […]. Je crois, bien sûr, qu’il dépasse en grâce et en beauté n’importe lequel des romans publiés l’an dernier », avant d’ajouter : « Je tiens le Tabasco pour un sacrement »), les huîtres, et le vin – avec une préférence marquée pour le gigondas et le bandol du Domaine Tempier, le vin blanc ne l’intéressant que très modérément. Il se régale de ses visites en France où il peut fréquenter son restaurant favori, L’Espérance de Marc Meneau, à Saint-Père-sous-Vézelay où, une fois, avec plusieurs convives dont son ami Gérard Oberlé (qui lui cuisinait des tartes nécessitant « cinquante groins de cochon de lait », « un plat tout simple »),
il a participé à un repas de trente- sept plats accompagnés de quinze vins différents, inspirés de recettes consignées par les meilleurs cuisiniers français entre 1654 et 1823. Il explique comment cuisiner l’ours, le boa constrictor ou le crotale, affirme que le saintestèphe « provoque des rêves
lunaires », aime résumer son petit déjeuner à « cinq variétés différentes de fromage de tête » et est formel : « Quiconque est capable d’ingérer un quart de clubsandwich sans mourir d’ennui dépasse mon entendement. »