DITES-NOUS TOUT Philippe Leboeuf
Paris n’est plus la plus belle ville du monde à cause de la saleté et de l’insécurité, mais la France reste, elle, le plus beau pays du monde
Elu cette semaine à New York meilleur hôtelier du monde 2018, Philippe Leboeuf, directeur général du Mandarin Oriental Paris, est le deuxième Français, en quarante ans, à être distingué par le très influent magazine américain
Hotels. Ce Vosgien charismatique et visionnaire, en poste depuis huit ans dans l’établissement 5 étoiles de la rue Saint-Honoré, plaide pour que
« Paris fasse aussi bien que Londres »
en matière d’accueil pour les Jeux olympiques de 2024.
Votre premier geste quand vous avez appris que vous étiez élu meilleur hôtelier du monde ?
Celui de la victoire, à la manière d’un sportif ; je suis le proche cousin du footballeur Frank Leboeuf, cela fait donc deux champions dans la famille.
Quel est pour vous le comble de l’orgueil ?
Prendre cette récompense de meilleur hôtelier du monde à titre personnel. Cela consacre une équipe. Seul, on va plus vite mais moins loin.
Qu’est-ce qu’être un bon hôtelier ?
Rester proche de ses clients mais aussi de son personnel. Aujourd’hui, les jeunes qui nous rejoignent parlent plus d’un job que d’un travail. Et un job, on en change facilement. Il faut donc les accompagner comme le ferait un coach.
Qui rêvez-vous d’avoir comme client ?
La reine Elisabeth. J’ai beaucoup d’admiration pour elle. Nous organisons, avec le palais de Buckingham, des échanges de butlers
(majordomes) qui viennent ici se former. Elle m’a reçu à Londres, mais je n’ai jamais eu la chance de lui rendre son invitation.
Quel est le cauchemar d’un hôtelier ?
Le feu.
Paris est-elle encore la plus belle ville du monde ?
Paris n’est plus la plus belle ville du monde à cause de la saleté et des problèmes d’insécurité. D’autres métropoles comme Barcelone ou Londres se sont réveillées et font beaucoup d’efforts. Il faut faire attention… Mais la France reste le plus beau pays du monde.
Quel est le secret le mieux gardé de Paris ?
Le parc de Bagatelle, peu connu des étrangers et plus fréquentable que le bois de Boulogne.
Si vous pouviez décrocher un tableau du Louvre pour l’accrocher dans votre bureau ? Un Van Gogh. Un de mes grands plaisirs est d’aller le dimanche à Auvers-sur-Oise déjeuner à l’Auberge Ravoux, qu’il habita.
La chanson que vous avez dans la tête ?
A bicyclette, d’Yves Montand.
Le plus beau cadeau que la vie vous a fait ?
Mes deux filles. J’ai tout fait pour leur transmettre le virus de l’hôtellerie avec ce résultat remarquable : l’une est professeur de philosophie à Miami et la seconde, scénariste de séries américaines !
Si on vous proposait d’entrer au gouvernement ?
Huissier au cabinet d’un ministre : je pourrais tout voir, tout entendre et ce serait infiniment plus durable…
Le secteur de l’hôtellerie est-il soutenu par le gouvernement ?
Pas suffisamment. Il devrait davantage nous écouter et prendre conscience que nous sommes une véritable industrie, créatrice d’emplois et qui a du mal à recruter.
A qui avez-vous envie d’offrir un dernier verre ?
A Michelle Obama. J’aime beaucoup cette femme et les combats qu’elle a menés. J’étais à Washington en janvier 2009 pour l’investiture du premier mandat de Barack Obama car j’ai la double nationalité, française et américaine.
Pour vous, faire n’importe quoi, ce serait quoi faire ?
Partir en voyage six mois sans donner de nouvelles…