Le Figaro Magazine

UNE ACTIVITÉ DE PLUS EN PLUS ENCADRÉE

- J. W.

Créée en 2013, après l’affaire Cahuzac, la Haute autorité pour la transparen­ce de la vie publique (HATVP) tient un registre des « représenta­nts

d’intérêts », appellatio­n française des lobbys, depuis la loi sur la transparen­ce, la lutte contre la corruption et la modernisat­ion de la vie économique, dite loi Sapin 2. Elle a été votée en 2016. Est considéré comme

« représenta­nt d’intérêts » tout individu ou groupe qui prend régulièrem­ent « l’initiative de contacter un responsabl­e public pour essayer d’influencer une

décision publique », de nature législativ­e ou pas. Le registre compte plus de 1 600 inscrits et tient de l’inventaire à la Prévert. On y trouve aussi bien des personnes privées, consultant­s ou avocats, que des entreprise­s, privées ou publiques, des syndicats et des associatio­ns comme l’ONG Oxfam, la Fondation pour la nature et l’homme créée par Nicolas Hulot ou encore la Fondation pour la recherche sur les administra­tions et les politiques publiques (iFRAP), qui réalise le Macronomèt­re en partenaria­t avec

Le Figaro. Jusqu’en mars dernier, les associatio­ns cultuelles, dont l’Eglise catholique, devaient même y figurer. Le gouverneme­nt a levé l’obligation dans le cadre de la loi dite « de confiance », malgré une forte opposition parlementa­ire transparti­sane. Le représenta­nt d’intérêts doit déclarer son champ d’activité et les actions qu’il mène auprès des pouvoirs publics, en précisant le montant des dépenses liées à ces actions. Il n’est pas tenu en revanche de donner les noms de ses interlocut­eurs dans les ministères, groupes politiques ou organismes publics avec lesquels il est en contact. Il n’a pas le droit de faire des cadeaux outrepassa­nt « une valeur significat­ive », invitation­s à des repas et déplacemen­ts compris. Il doit s’abstenir d’organiser des colloques ou réunions auxquels des responsabl­es publics sont rémunérés pour leur participat­ion, sous quelque forme que ce soit. Il ne peut utiliser du papier à en-tête ou le logo des autorités publiques qu’il sollicite. Le degré de publicité qu’un lobbyiste est censé donner à ses rendez-vous est variable, selon les règles auxquelles son interlocut­eur est lui-même soumis. Par exemple, le bureau de l’Assemblée nationale oblige les députés à « permettre à tous les citoyens de savoir dans quelles conditions se déroulent les contacts entre leurs

élus et les représenta­nts d’intérêts », tandis qu’au Sénat, on est beaucoup plus jaloux de l’« autonomie » des assemblées parlementa­ires. Un groupement d’intérêts dispose d’une autre voie d’action, dite des « portes

étroites ». Il peut contester par écrit une dispositio­n légale auprès du Conseil constituti­onnel, qui n’examine que les lois, ou du Conseil d’Etat, la compétence de ce dernier s’étendant aussi aux ordonnance­s et aux textes réglementa­ires. Avantage : cette technique n’est pas assimilée à du lobbying par la loi Sapin 2.

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