AU “FRANÇAIS”, LE TEMPS RETROUVÉ
Fin octobre, la Comédie-Française donnait la première de La Locandiera, de Goldoni. Une drôlerie délicieuse et piquante, d’une modernité éclatante. Publiée en 1753, il était simple
– pour ne pas dire logique – d’opter pour des décors et des costumes de cette époque. Quelle joie donc de découvrir ces talentueux comédiens vêtus d’habits, de gilets longs, de culottes et de bas de soie. Le tout coupé dans des draps laineux aux couleurs exquises. Le génialissime Michel Vuillermoz en rose cramoisi et le beau Stéphane Varupenne en bleu et rouge. Mention spéciale pour la tenue de Noam Morgensztern mêlant vert et ocre : Arnys n’aurait pas fait d’accord plus délicat. L’atelier de couture du Français est parmi les plus érudits au monde. Une légende. Parfois, des techniques d’époque sont mises en oeuvre pour coudre les vêtements… De l’histoire appliquée. Ce qui donne une texture et une saveur particulières aux tenues et accessoires. Les métiers sont bien exercés, les traditions vivantes. Quel plaisir immense et gratifiant ce doit être pour les acteurs de découvrir lors du premier essayage ce qui sera leur armure de scène pour de longues semaines. Renato Bianchi, ancien chef d’atelier de la Comédie-Française et couturier hors pair, a dessiné ces merveilles. Toutefois, ce creuset d’art vestimentaire scénique est l’arbre qui cache la forêt. Les costumes coûtent cher, peut-être plus que les décors et sont bien souvent la variable d’ajustement des productions. Les fêtes arrivant, souvenonsnous avec délice du film-ballet Les Contes de Beatrix Potter, où des masques d’animaux époustouflants continuent de ravir petits et grands. Goûtons aussi notre plaisir devant la rediffusion d’un épisode télévisé de Downton Abbey ou de Nicolas Le Floch. Loin du Carmen trop cru joué à Bastille l’an dernier ou du prochain Casse-Noisette à Metz, en blue-jean… Du charme, que diable !