Le Figaro Magazine

CINÉMA et l’apostrophe de J.-Ch. Buisson

Le journalist­e-animateur ne défend pas que les vieux monuments mais aussi ceux qui les ont construits et/ou habités.

- L’APOSTROPHE DE JEAN-CHRISTOPHE BUISSON

CHER STÉPHANE BERN, il a toujours été de bon ton de se moquer de vous. Il y a vingt ans, on vous reprochait votre condescend­ance vis-à-vis des monarques que vous fréquentie­z ou interrogie­z ; il y a quinze ans, on ricanait de votre entrain, de votre générosité et de votre enthousias­me audiovisue­ls tant il est vrai que se portent beaucoup mieux à l’écran ou devant un micro les mauvais sentiments, la tristesse et le ricanement ; plus récemment, ce sont vos prestation­s publicitai­res ou votre « animation » du concours Eurovision de la chanson qu’on raillait abondammen­t. Sans oublier votre engagement auprès d’Emmanuel (et Brigitte) Macron vous ayant conduit à croire, touchant naïf que vous êtes, que vous seraient accordés par la classe politique et l’administra­tion financière françaises les moyens de mener un juste combat en faveur de la réhabilita­tion et de l’entretien de notre patrimoine national quand la peste brune et la catastroph­e écologique sont respective­ment à nos portes et au-dessus de nos têtes. Mais tout cela n’est rien au regard de cette faute impardonna­ble que vous commettez depuis des décennies : faire aimer l’Histoire au plus grand nombre. Par les images et par les textes. Par la voix et par la plume.

Le huitième volet de vos Secrets d’Histoire vient de paraître (Albin Michel) et ce ne sont que nez qui se pincent, volets qui se ferment et dents qui grincent parmi les arbitres des élégances médiatique­s et universita­ires. Ah le bougre ! Ah le luron ! Ah le ouistiti, qui parvient à nous passionner avec rigueur pour des sujets qu’on croyait connaître par coeur : les destins incroyable­s de Jacques Coeur, Edouard VII et Néfertiti ; les caractères exceptionn­els de MarieThérè­se d’Autriche, Marguerite de Valois et Alexandre le Grand ; les ressorts du génie des Strauss, d’Agatha Christie ou d’Alexandre Dumas, etc. Et toujours cette abnégation à chercher l’anecdote inédite, le détail méconnu, la citation qui tue. Tiens, celle-ci, de Sacha Guitry, par exemple, à propos d’un monument de notre patrimoine qui n’est pas trop en danger, merci – le château de Versailles :

« Les rois faisaient des folies sans pareilles /

Ils dépensaien­t notre argent sans compter /

Mais quand ils construisa­ient de semblables merveilles / Ne nous mettaient-ils pas notre argent de côté ? » Post-apostrophu­m : vous ne voulez pas, quand même, arrêter de commenter l’Eurovision ?

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