Le Figaro Magazine

MARC LAMBRON L’EXÉGÈTE DE NOS MYTHOLOGIE­S

L’académicie­n brosse un portrait enlevé et chaloupé de la pop star Michael Jackson, en qui il voit un personnage précurseur de notre époque vouée à la communicat­ion.

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On l’aurait plutôt vu brosser un portrait inspiré de Prince – voire de David Bowie ou de Keith Richards, ces rock stars qui ont eu, au moins autant que Paul Morand, une influence sur son style littéraire et la rythmique chaloupée de ses phrases. Et ce fut… Michael Jackson, alias Bambi, alias Wacko Jacko. Michael Jackson, ce Peter Pan de la pop, ce Dorian Gray des clips vidéo, en qui les puristes du rock voient au mieux un danseur de la trempe de Fred Astaire, au pire une imposture montée par les majors américaine­s, un peu soul, un peu rock, un peu blues, un peu disco… Bref, un peu tout. Mais quand Marc Lambron s’empare d’un sujet de son temps, il le traite comme une des mythologie­s de Roland Barthes. Son décryptage du phénomène Michael Jackson, auquel il confère à la fois profondeur et subtilité, modifie notre regard sur cet enfant qui ne voulait pas vieillir. « Comme Pinocchio, il a le nez qui

VIE ET MORT DE MICHAEL JACKSON, de Marc Lambron. Editions de la Réunion

des musées nationaux, 110 p., 14,90 €.

change sans cesse, dit Lambron. C’est son côté Walt Disney. Mais il y a aussi en lui un versant sombre, genre Edgar Poe. » Selon l’auteur de L’OEil du silence, toute la vie de Michael Jackson traduit et démontre un malêtre existentie­l : son désir d’être blanc, d’être un enfant, d’être une fille… D’où le recours à la chirurgie esthétique.

Lambron excelle lorsqu’il fait, grâce à sa culture aussi vaste qu’éclectique, s’entrechoqu­er mythes et symboles. Le Neverland de Michael Jackson, ce domaine qu’il voulait merveilleu­x, tient autant des paysages enchantés du Magicien d’Oz que du Graceland d’Elvis Presley, summum du kitsch et du mauvais goût. « Tout Jackson tient dans ce paradoxe, dit Lambron, il crée des châteaux en Amérique et invente des féeries pour les faire vivre, mais lui-même habite une maison hantée dont il devient le fantôme. » Pour Lambron, il n’y a pas de doute possible : Wacko Jacko est entré au panthéon des grands brûlés du rock.

“C’est un teigneux qui sait composer des hymnes sucrés”

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La phrase du livre à retenir (p. 67)
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