Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE

Ni les Britanniqu­es ni les marchés financiers ne redoutent désormais la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

- de François d’Orcival

Ala fin du traité sur l’Union européenne figure un article que l’on croirait cousu main pour les Britanniqu­es : l’article 50.

Au premier alinéa, il est écrit : « Tout Etat membre peut décider de se retirer de l’Union. »

Au troisième, il est précisé que le délai pour s’accorder sur les conditions de sortie est de deux ans, mais qu’il peut être prolongé.

Et au cinquième, qu’après avoir quitté l’Union, le même Etat peut la réintégrer s’il a des regrets… En deux ans, bien des choses se seront passées. Quand les Britanniqu­es décident de partir, le 23 juin 2016, c’est pour préserver leur souveraine­té et leur identité vis-à-vis d’une Europe de Bruxelles encore dominatric­e et sûre d’elle-même. Ce vote provoque une onde de choc, laquelle accompagne la vague « populiste » qui déferle. Auparavant minoritair­es, les populistes souveraini­stes s’installent au pouvoir à Varsovie, Budapest, Prague, Vienne, Belgrade, et pour finir à Rome.

A Berlin, la chancelièr­e vacille. Or, c’est pendant ce temps-là que Theresa May, Premier ministre de Sa Majesté, négocie avec l’Europe de Michel Barnier, l’Europe sociale-démocrate chrétienne, si ébranlée par le mouvement « populiste ». Cette Europe-là cherche à embarrasse­r Theresa May pour lui faire payer cher son retrait.

Cela dure dix-huit mois, laissant aux Anglais tout le temps de préparer leur réplique et de s’interroger : pourquoi payer un tel prix au commissair­e Barnier si l’Europe qu’il incarne ne doit pas survivre à l’élection du nouveau Parlement européen le 26 mai ?

L’accord Theresa MayMichel Barnier subit donc le 15 janvier une défaite « historique » (432 voix contre 202). Naufrage ? Cela signifie surtout que les Britanniqu­es n’ont pas peur. Les marchés financiers ne s’y trompent pas : ils achètent de la livre. Prochain épisode : le 29 mars. C’est la date théorique de la sortie. Avec accord, ou sans ? Chacun effraie l’autre. Theresa May – à qui les Communes ont confirmé leur confiance le 16 janvier –, comme pour exorciser le vote de la veille, joue sur le calendrier. En faisant appel à l’article 50, elle obtiendra un délai de réflexion

– le temps de passer le scrutin européen !

Les Britanniqu­es votant le 26 mai avant de s’en aller, on imagine le chaos… A moins que chacun ayant mûri, on ne trouve un compromis à la norvégienn­e

(la Norvège a adhéré au marché unique mais pas à l’Union). Pourquoi claquer la porte si la maison reste ouverte…

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