LA CHRONIQUE
Ni les Britanniques ni les marchés financiers ne redoutent désormais la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Ala fin du traité sur l’Union européenne figure un article que l’on croirait cousu main pour les Britanniques : l’article 50.
Au premier alinéa, il est écrit : « Tout Etat membre peut décider de se retirer de l’Union. »
Au troisième, il est précisé que le délai pour s’accorder sur les conditions de sortie est de deux ans, mais qu’il peut être prolongé.
Et au cinquième, qu’après avoir quitté l’Union, le même Etat peut la réintégrer s’il a des regrets… En deux ans, bien des choses se seront passées. Quand les Britanniques décident de partir, le 23 juin 2016, c’est pour préserver leur souveraineté et leur identité vis-à-vis d’une Europe de Bruxelles encore dominatrice et sûre d’elle-même. Ce vote provoque une onde de choc, laquelle accompagne la vague « populiste » qui déferle. Auparavant minoritaires, les populistes souverainistes s’installent au pouvoir à Varsovie, Budapest, Prague, Vienne, Belgrade, et pour finir à Rome.
A Berlin, la chancelière vacille. Or, c’est pendant ce temps-là que Theresa May, Premier ministre de Sa Majesté, négocie avec l’Europe de Michel Barnier, l’Europe sociale-démocrate chrétienne, si ébranlée par le mouvement « populiste ». Cette Europe-là cherche à embarrasser Theresa May pour lui faire payer cher son retrait.
Cela dure dix-huit mois, laissant aux Anglais tout le temps de préparer leur réplique et de s’interroger : pourquoi payer un tel prix au commissaire Barnier si l’Europe qu’il incarne ne doit pas survivre à l’élection du nouveau Parlement européen le 26 mai ?
L’accord Theresa MayMichel Barnier subit donc le 15 janvier une défaite « historique » (432 voix contre 202). Naufrage ? Cela signifie surtout que les Britanniques n’ont pas peur. Les marchés financiers ne s’y trompent pas : ils achètent de la livre. Prochain épisode : le 29 mars. C’est la date théorique de la sortie. Avec accord, ou sans ? Chacun effraie l’autre. Theresa May – à qui les Communes ont confirmé leur confiance le 16 janvier –, comme pour exorciser le vote de la veille, joue sur le calendrier. En faisant appel à l’article 50, elle obtiendra un délai de réflexion
– le temps de passer le scrutin européen !
Les Britanniques votant le 26 mai avant de s’en aller, on imagine le chaos… A moins que chacun ayant mûri, on ne trouve un compromis à la norvégienne
(la Norvège a adhéré au marché unique mais pas à l’Union). Pourquoi claquer la porte si la maison reste ouverte…