LITTÉRATURE
★★★ TRANSCRIPTION, de Kate Atkinson, JC Lattès, 402 p., 22,50 €. Traduit de l’anglais par Sophie Aslanides.
Difficile d’enfermer Kate Atkinson dans une case. Du polar à la fresque historique, la romancière britannique change de registre avec cette virtuosité qui a fait sa renommée. Cette fois, il est question d’espionnage durant la Seconde Guerre mondiale. En 1940, à Londres, la jeune Juliette Armstrong est recrutée par le MI5, les services secrets anglais, et son travail est bien moins fascinant qu’elle ne l’espérait. Bientôt, on lui propose une autre tâche : retranscrire les conversations de membres de la cinquième colonne via un appartement truffé de micros. La donne change, la demoiselle aussi. On la retrouve dix ans plus tard, productrice à la BBC, et menacée par une lettre anonyme : des souvenirs inquiétants lui reviennent en mémoire. Est-elle en danger ? Inspirée d’un épisode authentique – un agent britannique s’est fait passer pour un espion à la solde des nazis afin de démanteler un groupuscule ennemi – l’auteur imprègne son récit de vérité historique et de totale fiction. Mais ce qui fait la qualité du roman, c’est aussi sa protagoniste, une demoiselle à la fois cynique et naïve, futile devant le drame, courageuse ou inconsciente, le plus souvent insaisissable. Il faut se perdre dans ces pages à l’ambiance menaçante et souvent très drôles, accepter d’être décontenancé avant de, soudainement, reprendre pied. A l’instar de ces espions d’un autre temps.