Le Figaro Magazine

VINS & SPIRITUEUX

De plus en plus appréciées par la critique, les cuvées du Douro restent encore mal connues du grand public.

- Stéphane Reynaud

En préambule, rappelons que la vallée du Douro et Bacchus cultivent une très vieille histoire d’amour. Dès 1756, la région se dotait d’un cahier des charges et délimitait une zone d’appellatio­n, soit 250 000 ha dont 40 000 de vigne aujourd’hui. Les lieux sont enchanteur­s : un fleuve large et calme, deux rives sculptées à l’infini d’une multitude de terrasses superposée­s et pour la plupart plantées de vitis vinifera. Un paysage que l’on croirait peigné chaque jour dans le sens du fil de l’eau. Beau à mourir. En 2001, l’Alto Douro Viticole (Haut-Douro) rejoignait la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

PÔLE D’ATTRACTION

D’un point de vue vitivinico­le, la région est unique, avec 116 cépages autorisés. Dans les « vieilles vignes », des parcelles dont les pieds ont au moins quarante ans, sont répertorié­es jusqu’à trente cépages différents. Les variétés locales y sont préservées avec soin. Les crus de la vallée, résultats de savants assemblage­s, se montrent souvent puissants, corsés, mais équilibrés. Ces dix dernières années, les ingénieurs agronomes et oenologues portugais, désormais formés partout dans le monde aux techniques les plus pointues, ont su optimiser la culture, penser des cuviers adaptés à leur production, arrondir et affiner les tannins des cuvées tout en ménageant le recours au bois.

La région est devenue un pôle d’attraction du mondovino. Une balade sur les chemins du Douro donne la mesure des investisse­ments réalisés là-bas par les Brésiliens, Colombiens, Espagnols, Anglais et Français. Parmi ces derniers, le Bordelais Jean-Michel Cazes, de Château Lynch-Bages y a investi avec Jorge Roquette, de Quinta do Crasto. Les Bourguigno­ns sont bien représenté­s avec la famille Bouchard, à la Quinta do Tedo. Le Champenois Frédéric Rouzaud a misé sur les prestigieu­x portos Ramos Pinto… Bernard Magrez, Roger Zannier, Philippe Austruy et d’autres s’y sont lancés. Les vins du Douro, encore vendus à prix doux, ont séduit la critique internatio­nale et les amateurs canadiens, chinois, brésiliens, espagnols. En France, ils restent à découvrir.

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