LA CENSURE N’EST PLUS EN PANNE
Un appel au boycott d’un spectacle à Montpellier au motif qu’il est financé par le ministère de la Culture israélien. Des bannières édictant « Je suis Charlie, mais » (sous entendu : « mais on ne doit pas se moquer de Mahomet »). Des tribunes dans la presse pour empêcher un grand philosophe comme Marcel Gauchet de participer à un colloque. Une affiche publicitaire Aubade dénoncée pour « sexisme »…
Pas de doute, la censure est de retour en France, en particulier dans les arts. Le fait nouveau vient de ce qu’elle n’est plus réclamée ou instaurée par l’Etat ou le pouvoir en place, mais imposée par des individus ou des associations dont la représentativité est pourtant plus que contestable (Edouard Louis, Cran, BDS, CCIF, Camp décolonial, élus du PCF, etc.). Spécialiste du théâtre contemporain, Isabelle Barbéris décrypte et démonte dans un essai exigeant mais édifiant ce qu’elle nomme « l’art du politiquement correct » *, qui consiste à renoncer à la liberté pour ne pas déplaire. A qui, à quoi ? A l’air du temps, à l’antiracisme officiel, à l’esprit de sérieux, à l’historiquement correct. Et surtout à ces minorités agissantes et terrorisantes aux méthodes d’agit-prop dignes des groupuscules gauchistes de jadis, recyclant les luttes sociales en luttes catégorielles et identitaires. Voltaire, reviens, ils sont devenus fous ! Jean-Christophe Buisson
* PUF, 205 p., 17 €.