Le Figaro Magazine

PRÉVERT MIS EN SCÈNE ET EN MUSIQUE

- LES VARIATIONS DE FRANÇOIS DELÉTRAZ

Barbara, Les Feuilles mortes… C’est avec ces titres immuables que le grand public connaît Jacques Prévert. On se souvient aussi du « terrible petit bruit de l’oeuf dur cassé sur un comptoir d’étain » ou de son fameux « Notre Père qui êtes aux cieux, restez-y ». C’est dire la diversité de son oeuvre mais aussi la difficulté de la mettre en scène et surtout en musique. Yolande Moreau et son compère Christian Olivier livrent un spectacle où tout semble juste. D’abord, parce qu’on y retrouve toutes les facettes de la poésie de Prévert : son ironie, son anticléric­alisme, sa tendresse, cette dérision parfois glaçante quand il décrit la pauvreté. Ensuite, dans le parfait équilibre entre musique et théâtre que les deux comédiens sont parvenus à trouver. Accompagné­s sur scène par trois excellents musiciens, ils chantent à pleine voix et avec talent certains titres phares. Mais la plupart des textes sont simplement dits, tantôt sur un fond sonore très sobre, tantôt sur de vrais intermèdes musicaux qui soulignent la musicalité des mots de ce poète engagé. Ses combats contre le pouvoir, la misère, la guerre, comme ses textes traitant d’amour, écrits il y a cinquante ans, n’ont rien perdu de leur sens. Devant ce spectacle d’une heure vingt, on rit, on sourit, parfois jaune, et on est émerveillé par la qualité des mots que l’on savoure grâce à la musique et aux subtils éclairages. « J’aime tous ces aspects de son oeuvre surréalist­e, réaliste, poétique et engagée… », explique Yolande Moreau. Ex des Deschiens, elle forme avec le fondateur des Têtes Raides un duo d’une superbe complément­arité, ayant rassemblé de Prévert tout ce qu’ils aimaient, « sans ligne directrice ». Superbe.

Prévert, Théâtre du Rond-Point, jusqu’au 10 février (01.44.95.98.21).

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