UN VISIONNAIRE INCLASSABLE
★★★ ANDRÉ TARDIEU, L’INCOMPRIS, de Maxime Tandonnet, Perrin, 352 p., 23,50 €.
Léon Daudet le surnommait « le Mirobolant », mais pour nous, il serait plutôt
« l’Oublié ». A part Maxime Tandonnet, qui lui consacre une remarquable et bienvenue biographie, qui se souvient d’André Tardieu ? Bras droit de Clemenceau lors des négociations du traité de Versailles en 1919 *, il fut pourtant trois fois président du Conseil et ministre à plusieurs reprises avant 1939. Républicain convaincu, réformateur ambitieux, lucide face à la menace du nazisme, il se peut aussi que le fondateur de l’éphémère Centre républicain ait été le visionnaire d’un courant libéral conservateur qui n’aspire qu’à renaître.
A en croire son biographe, ce ne serait d’ailleurs pas la seule fois que Tardieu influence la politique française. Devant l’instabilité de la
IIIe République, ses réflexions sur la nécessaire réforme de l’Etat auraient
« fortement inspiré, vingt-cinq ans plus tard, le général de Gaulle et Michel Debré dans leur conception de la Ve République. » Au terme de son récit, Maxime Tandonnet s’interroge encore : « Qu’en est-il de l’actualité de ses idées ? » L’accueil fait à ce portrait de fond dira si elle constitue la tête de pont d’une véritable redécouverte.
* André Tardieu en a fait le récit dans La Paix, réédité aussi par Perrin (455 p., 25 €), avec une présentation lumineuse de Georges-Henri Soutou.