Le Figaro Magazine

LES NOUVELLES SOLUTIONS DÉDIÉES AUX ENTREPRENE­URS

Après s’être attaqués aux particulie­rs, de nouveaux acteurs cassent les prix et proposent des services innovants à destinatio­n des profession­nels.

- Pauline Janicot

Les indépendan­ts ne sont guère choyés par les banques qui leur facturent des tarifs onéreux. Certains établissem­ents l’ont bien compris et se lancent sur ce marché très convoité. Boursorama Banque, Anytime, N26 ou Shine proposent, par exemple, un compte profession­nel pour les entreprene­urs individuel­s. Créées en 2017, les plates-formes Qonto et Manager.one (Banque Wormser Frères) s’adressent à tous les entreprene­urs, profession­s libérales, artisans, petites et moyennes entreprise­s (PME) et free-lance.

DES FORFAITS TOUT COMPRIS

Leur premier atout ? Une tarificati­on simple et transparen­te qui contraste avec celle des établissem­ents traditionn­els. En plus de l’abonnement mensuel à internet et de la carte de paiement (50 € minimum), les banques de réseau facturent des frais de tenue de compte, de banque à distance mais aussi des commission­s de mouvement. Non appliqués aux particulie­rs, ces frais s’appliquent à chaque mouvement débiteur réalisé sur le compte (entre 0,05 et 0,2 %). Les jeunes plates-formes ont, quant à elles, opté pour un forfait mensuel tout compris. Il débute, par exemple, à 9 €/mois pour les microentre­preneurs (Boursorama Banque, Anytime, Qonto). Manager.one facture un tarif unique à 29,99 €/mois. Leur interface client a aussi une longueur d’avance. « A la tête de ces fintechs se trouvent des entreprene­urs qui connaissen­t les besoins de banque au quotidien des entreprise­s et ont développé des outils qui y répondent concrèteme­nt », explique Frédéric Perrin, associé du cabinet Exton Consulting. Sur ces plates-formes, quelques minutes suffisent pour créer votre compte alors qu’il faut prendre un rendez-vous avec un conseiller en agence dans une banque classique. Elles vous aident, par exemple, à lancer votre structure (en partenaria­t avec des fintechs spécialisé­es dans les questions juridiques comme Captain Contrat ou encore Legalstart), à obtenir un terminal de paiement ou encore à visualiser facilement vos dépenses et vos recettes… « Qonto et Manager.one ont mis au point des outils très pointus destinés notamment à simplifier la gestion au quotidien des tâches administra­tives ou encore des notes de frais », ajoute Frédéric Perrin. A titres d’exemple, les écritures sont catégorisé­es de façon automatiqu­e et reliées aux factures, ce qui facilite la comptabili­té du dirigeant. Manager.one a aussi développé pour ses clients médecins un outil de rapprochem­ent automatiqu­e de leurs honoraires et des remboursem­ents de la Sécurité sociale pour chaque acte. « Ce service leur fait gagner beaucoup de temps et leur évite une tâche chronophag­e », explique Adrien Touati, son fondateur.

DES SERVICES ENCORE INCOMPLETS

Mais ces plates-formes de nouvelle génération ont aussi leurs limites. Elles ne vous délivrent pas de crédits, à l’exception de Boursorama ou de Qonto, qui le fait de façon occasionne­lle. Elles ne vous permettent pas toujours d’encaisser des chèques ou des espèces. Par ailleurs, bon nombre de micro-entreprene­urs, cibles de Shine ou de N26 par exemple, peuvent se contenter d’un compte courant classique à moindre coût dans n’importe quelle banque (lire encadré). Le poids de ces jeunes structures reste encore embryonnai­re sur le marché de la banque des profession­nels (Qonto revendique 25 000 clients). Qu’à cela ne tienne, elles ne cachent pas leurs ambitions. « Tout reste à faire car de nombreux entreprene­urs sont déçus par leur banque », affirme Alexandre Prot, cofondateu­r de Qonto. En 2019, la fintech veut se développer en Allemagne, en Italie ou en Espagne. ■

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