JÉSUS, REVIENS PARMI LES TIENS !
★★★ LA PROPHÉTIE DE JOHN LENNON, de Louis-Henri de La Rochefoucauld, Stock, 286 p., 19,50 €.
En 1966, John Lennon a déclaré, évoquant les
Beatles : « Aujourd’hui, nous sommes plus populaires que Jésus. J’ignore ce qui disparaîtra en premier, le rock and roll ou le
christianisme » (heureusement qu’il n’a pas mentionné Allah : nous n’aurions jamais pu écouter Sergeant Pepper’s Lonely Hearts
Club Band). Louis, lointain descendant de Lully en personne – toute ressemblance avec la généalogie de l’auteur est fortuite –, pense que le rock and roll disparaît et le vit dans sa chair : il a d’abord monté un groupe, The Trocadéros (morceau phare :
OEdipe Is Your Love), puis s’est
lancé dans la « pop mérovingienne » électronique sous le pseudonyme de « DJ Clovis » via un album intitulé Roi des Francs comptant des morceaux comme Les Grandsducs ou Fouquetmania, puis un second intitulé Deuxième
croisade. Deux fours… Un jour, Jésus-Christ en personne lui apparaît, comme il l’avait déjà fait pour Claudel, à Notre-Dame, et lui confirme la triste vérité : le rock and roll est fichu, il s’agit de relancer le christianisme. Ce que Louis tentera de faire en donnant, en l’église Saint-Eustache, une oeuvre intitulée Synthé Deum. Louis-Henri de La Rochefoucauld s’ébroue dans le name-dropping
(Edouard Baer, Frédéric Beigbeder, Sébastien Tellier, Nicolas Godin de Air ou le chanteur Christophe : on n’est pas chez les « gilets jaunes »), et recycle sournoisement des articles qu’il a écrits pour Technikart. Il le fait avec un tel mauvais esprit et une telle dérision que son roman est la farce la plus réjouissante de ce début d’année : on n’a pas tous les jours envie de lire un livre sur la fermeture des hauts-fourneaux ou sur la dépression et la misère sexuelle d’un ingénieur agronome…