de Guillaume Roquette
Les applaudissements ont été immédiats. Emmanuel Macron s’est taillé un beau succès cette semaine en expliquant, lors d’un déplacement en banlieue, qu’il ne croyait pas aux gens qui font des murs. « Ça marche pas » (sic), a-t-il expliqué à un public conquis. Quelques jours plus tôt, le pape François affirmait pour sa part que « ceux qui construisent des murs sont dans la peur et dans la crainte ». L’un et l’autre pensaient évidemment à Donald Trump, ce grand méchant loup que toutes les belles âmes de la planète se plaisent à sermonner ad nauseam.
Chacun pensera ce qu’il voudra des analyses psychologiques de François, mais on peut en tout cas soutenir qu’Emmanuel Macron se trompe. En Hongrie, Viktor Orbán a réduit drastiquement l’immigration clandestine en rendant étanches ses frontières. En Italie, les demandes d’asile ont baissé de 58 % depuis l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini. Et aux Etats-Unis, il est pour le moins prématuré de nier l’efficacité du mur voulu par Donald Trump puisque celui-ci n’existe pas encore. Les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, font d’ailleurs tout ce qui est en leur pouvoir pour en retarder la construction. Par peur de devoir en reconnaître l’efficacité ?
Il n’en reste pas moins, n’en déplaise à l’estimable corporation des maçons, que les murs ont mauvaise presse ces temps-ci. Chez les élites, le grand déménagement du monde est considéré comme le progrès ultime. L’enracinement est devenu haïssable, comme si l’un des premiers droits de l’homme n’était pas de pouvoir vivre chez lui. Comme si nous n’avions pas le devoir de dissuader, y compris par des barrières physiques, les immigrants non éligibles au droit d’asile qui rêvent de venir dans nos pays. Culpabilisés par le souvenir du mur de Berlin, biberonnés à l’universalisme, nous feignons de croire que les migrations sont devenues inéluctables, alors qu’il nous appartient de les réguler.
L’hospitalité est une magnifique vertu, mais il faut être chez soi pour héberger l’autre. L’accueil ne se conçoit que de manière volontaire : s’il est subi, c’est une intrusion, voire un envahissement. C’est bien pour cela que les accords de Schengen, en abolissant les frontières intérieures sans sécuriser les entrées dans l’Union, ont provoqué un rejet inédit du projet européen chez tous les peuples du continent. Les électeurs « populistes » ne sont pas devenus racistes, ils veulent simplement contrôler qui entre chez eux.
Une question pour finir : avez-vous déjà visité la maison Sainte-Marthe, résidence du pape au Vatican ? Non, et pour cause : elle est jalousement protégée par des gardes suisses empêchant d’approcher quiconque n’a pas montré patte blanche. Et c’est la même chose à l’Elysée : en plus de ses hauts murs, le palais présidentiel est même cerné désormais par une clôture de barrières grises solidement fichées dans le sol. Personne ne reproche au pape ou à notre président de vouloir se protéger. Mais pourquoi auraient-ils droit à des murs et pas nous ?