Le Figaro Magazine

de Carl Meeus

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On parle librement ? » « Oui, on parle librement. » Quand Emmanuel Macron fixe le cadre de leur entretien lundi matin dernier, Christian Jacob ne se fait pas prier pour dire ce qu’il pense au président de la République qui démarrait le cycle de rencontres avec les présidents de groupe du Parlement. « Je lui ai dit que cette crise était son échec, celui de sa politique et celui de son gouverneme­nt et qu’on ne répond pas à une crise du pouvoir d’achat par une modificati­on du mode de scrutin. » Le patron des députés LR, bien que gaulliste, n’est pas un fervent supporter du référendum comme arme politique pour sortir de la crise des « gilets jaunes ». Même si Emmanuel Macron lui a assuré ne pas avoir pris sa décision, pour Christian Jacob, « il n’y a pas de crise institutio­nnelle, le Parlement fonctionne, mais une crise du pouvoir d’achat ». La réponse ne peut donc pas être un référendum mais une nouvelle loi de finances pour mettre en place « une nouvelle politique avec un changement de Premier ministre ». Evidemment, Christian Jacob sait qu’Emmanuel Macron n’en fera rien. S’il l’a écouté pendant une heure, prenant même des notes, le chef de l’Etat ne se laissera pas dicter ce qu’il doit faire par l’opposition. Cela étant, Christian Jacob assure l’avoir mis en garde. « Je lui ai dit : votre remontée dans les sondages de popularité est artificiel­le. Les Français ne supportent pas les actes de violence et apprécient le retour à l’ordre. Ce n’est pas pour autant qu’ils partagent votre politique. »

Christian Estrosi n’a pas l’intention de quitter Les Républicai­ns, même s’il constate que les dirigeants de son parti ne l’associent pas à leurs réflexions : « On ne me demande rien, je ne suis associé à rien », constate le maire de Nice, qui pourtant pourrait donner des conseils. « Je regrette que ma famille politique, dont je souhaite qu’elle sorte de sa longue convalesce­nce (deux ans), se considère moins comme une force de coalition que comme une force d’opposition systématiq­ue. » Proche de Nicolas Sarkozy, Christian Estrosi est serein. « La vie politique est longue », assure celui qui a constaté une petite évolution dans la façon dont Laurent Wauquiez s’exprime désormais sur Marine Le Pen. « Avant, il n’en parlait jamais. Depuis quelques jours, il se met à l’attaquer. A un moment, le réalisme peut prendre le dessus et des gens déraisonna­bles peuvent redevenir raisonnabl­es », se félicite le maire de Nice, satisfait surtout de voir que les habitants de sa ville le plébiscite­nt. Selon une enquête Ipsos, réalisée au milieu de la crise des « gilets jaunes », 82 % des Niçois sont « satisfaits de la ville » et 63 % d’entre eux ont une « bonne opinion » de leur maire. Des chiffres qui permettent à Christian Estrosi, à un peu plus d’un an des élections municipale­s, de se poser en rassembleu­r face à Eric Ciotti, député LR et président de la commission nationale d’investitur­e : « Ma main est tendue, ma porte est ouverte. »

Pour les Républicai­ns, la cible est toute trouvée : c’est à la fois Marine Le Pen et Nicolas DupontAign­an. « Il faut qu’on soit efficaces électorale­ment, estime Brice Hortefeux, député européen sortant. Il faut faire baisser le Rassemblem­ent national et Debout la France. » Ce proche de Laurent Wauquiez se plaît à rappeler notamment que Nicolas Dupont-Aignan « a eu toutes les étiquettes politiques. Il a été rocardien, puis collaborat­eur de François Bayrou… » Et Brice Hortefeux de donner le coup de grâce en évoquant ses scores. « Dupont-Aignan, c’est toujours pareil : ça démarre en fanfare et ça se termine toujours en cymbales ! »

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On ne me demande rien, je ne suis associé à rien ! Christian Estrosi

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